Marie-Eve Cotton, médecin psychiatre, signe son premier roman dont l’histoire se déroule dans l’unité psychiatrique d’un hôpital montréalais.
Hadrien Jalbert, baptisé Pivot en raison de sa grande culture, en est à sa douzième hospitalisation. Dans cette unité, chacun est convaincu d’être le seul sain d’esprit enfermé à tort parmi les fous. Pivot ne fait pas exception : il n’a pas de problème de santé mentale, mais il est persécuté par le Système, une organisation qui a des ramifications dans tous les lieux de pouvoir et qui force les gens à prendre du venin qui les rend amnésiques. Autour de lui un jeune Haïtien se prend pour le Christ, un homme bipolaire a voulu s’envoler du pont Jacques-Cartier, un sans-abri discute avec des lilliputiens. Mais tout changera quand Mary, une Inuite du Nunavik qui entend des voix, sera admise dans l’unité.
Ce sont d’abord des vignettes humoristiques que nous propose Marie-Eve Cotton. Le style est vif, les personnages (les patients comme le personnel soignant) sont typés, les situations s’enchaînent sans grande montée dramatique. Dans le premier tiers du livre, l’accumulation des anecdotes parvient à montrer un milieu de vie terne où chaque journée se ressemble malgré les crises des uns et les fantaisies des autres, malgré les jalousies, les amourettes et les prises de bec. Sauf qu’un drame attend l’unité, et il faut saluer la maîtrise de la romancière, qui réussit à négocier ce tournant tragique avec émotion, mais sans perdre complètement cette touche plus légère qui caractérise son style.
Les dialogues sont justes, les personnages attachants, et l’écrivaine fait preuve d’une empathie sincère envers les malades, leurs douleurs, mais aussi leurs résistances. Par contre, Marie-Eve Cotton n’échappe pas à la tendance répandue chez les primo-romanciers à vouloir traiter de tout ce qui l’intéresse (psychiatrie, population inuite, état du système de santé, conditions de travail des infirmières, etc.). Certaines ouvertures nous laissent sur notre faim et nous aurions bien aimé en lire plus, par exemple, de la part de ces infirmières qui commentent la vie hospitalière avec un mordant jouissif.
De ce livre au ton léger et au sujet grave, on retient surtout la force des personnages et le profond amour que leur porte celle qui les a créés.
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