Une question précise se trouve à la base de l’essai de Michel Seymour : quelle relation cultive un philosophe avec sa « cité », sa société ? Cette interrogation prend ici un tour biographique, car l’auteur entend faire part de son expérience en tant que philosophe analytique « québécois, francophone, nationaliste, partisan des droits collectifs pour les peuples, critique de l’individualisme nord-américain ». C’est avec humour et beaucoup de réalisme – sans oublier un brin d’optimisme – que Michel Seymour entretient d’abord ses destinataires de certaines époques et mouvements de la philosophie (un parcours rapide allant des penseurs de l’Antiquité à ceux de l’époque moderne, en passant par les grandes figures du Moyen Âge et de la Renaissance), pour ensuite mieux situer la discipline de la « philosophie analytique ». Laquelle se caractérise par une sensibilité à l’égard du langage dans lequel sont formulés les concepts philosophiques. Il ne s’agit alors pas d’une doctrine précise, mais bien d’une manière d’appréhender la pensée en général.
La segmentation de cet essai s’avère précise pour la compréhension des principaux enjeux de la pensée de Michel Seymour. Les trois premiers chapitres consistent en une suite d’explications et de renseignements à propos de la philosophie analytique. Le quatrième chapitre, intitulé « Une lingua franca », fait part de l’obstacle du langage dans la pratique. C’est que les textes qu’inspire la philosophie analytique ne se publient pratiquement que dans des revues anglophones. Dans le cinquième chapitre, « L’individualisme en philosophie politique », l’auteur explique l’importance, pour lui, d’équilibrer individualisme et communauté. Le sixième chapitre, « Le libéralisme individualiste », s’attaque à la notion d’État-nation qui est « composé d’une variété d’ethnies et de cultures. Il faut le préserver, de dire l’auteur, pour garantir le maintien au sein de la société d’une variété d’ethnies et de cultures ». Enfin, « L’intellectuel dans la Cité » regroupe les opinions qui portent sur la relation entre les intellectuels et la société. C’est dans un style académique et structuré que Michel Seymour s’interroge. La force de cet essai : il convie le lecteur à réfléchir « philosophiquement » sur la société moderne.