Petites violences, le second roman de Madeleine Monette, confirmait à l’époque de sa parution l’indéniable talent de son auteure déjà récipiendaire du Prix Robert-Cliche pour Le double suspect.
Réaliste et feutré, ce récit de petites violences conjugales est à l’image de la description offerte par la narratrice dès les premières pages : Martine contemple le reflet d’un visage féminin dans une vitre. Plus l’obscurité s’installe dehors et plus la réflexion devient franche
Coincée entre son conjoint Claude et son amant Lenny, Martine voit la caricature de son triangle amoureux en ses amis hôtes : Pierre jaloux de Véronique qui invite Keven à s’installer chez eux, voire entre eux. Reflet démultiplié dans les attachements ambigus de Claude et Lenny pour d’autres femmes.
Si aucun crime passionnel ne vient ternir ces chassés-croisés qui ont lieu dans un New York « d’avant le 11 septembre », la violence n’en jaillit pas moins à chaque rencontre, à chaque phrase prononcée : contrôle de celui qui fouille les tiroirs et dépouille le courrier de l’autre, sabotage amoureux, médisances, harcèlement, bouderie et mensonges sont au cœur des échanges des protagonistes. La fin de ce cycle de violence doit passer par la rupture du triangle amoureux les victimes en auront-elles le courage ?