C’est une critique au vitriol que nous a concoctée Christian Saint-Germain dans Paxil® Blues. C’est avec un mélange d’ironie et d’impudence, un ton sentencieux et un excès d’intellectualisme que l’auteur lance son pamphlet. En effet, la dénonciation est si virulente qu’on se dit que les compagnies pharmaceutiques et les médecins, ces braves intermédiaires entre le patient et les apothicaires, bref les prescripteurs, devraient être condamnés au pilori et flagellés pour oser faire montre de leur ignorance avec autant d’impudeur.
Nul doute qu’il existe dans le corps médical, comme en toute chose et en tout domaine, des charlatans et des démagogues. Nul doute que les compagnies pharmaceutiques font parfois fi des principes moraux qui devraient guider leur pratique professionnelle. Mais entre science, humanité et mercantilisme, les grands chamans du système de santé doivent prendre position quand ils sont confrontés aux dysfonctionnements et aux souffrances de leurs patients. Or la pharmacopée moderne fournit un arsenal thérapeutique toujours plus performant pour soulager – et parfois pour guérir ou masquer – les maux de ces traîne-misère que nous sommes presque tous plus ou moins à un moment donné de nos vies.
Christian Saint-Germain fait appel aux métaphores de la guerre et de la religion pour dénoncer le « complot universel » dont, semble-t-il croire, nous sommes tous victimes. De grâce, ouvrez les yeux, peuples de peu de foi !
Un livre qui relève de l’opinion. Un parti pris pour « l’ironie dépressive » et la morgue vertueuse. Extrême lucidité ou délire de persécution ? La prise de position de Christian Saint-Germain est certes légitime, mais son peu de confiance en l’humanité confine à la honte et au désespoir. En un mot, ce livre, qui suscite tout de même la réflexion, est déprimant. Vivement un psy ou un cachet !