Rapportant les données du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, Alain Deneault et William Sacher nous apprennent que « plus de 75 % des sociétés mondiales d’exploration ou d’exploitation minière ont leur siège social au Canada et près de 60 % de celles qui sont cotées en bourse s’enregistrent à Toronto ». Pourtant, ces entreprises sont actives partout dans le monde, en particulier dans le Sud. Comment une telle concentration s’explique-t-elle, dans un pays dont l’importance financière ne peut se targuer d’être parmi les premières dans le monde ? « [C]e sont a priori les avantages juridictionnels et réglementaires réservés par le Canada à ce secteur d’activité qui attirent les manœuvriers. »
Plus précisément, la bourse canadienne favorise considérablement la spéculation ; l’État accorde d’importants avantages fiscaux au secteur minier ; la législation ne menace pas ou menace peu les activités illégales, voire criminelles, des sociétés lorsqu’elles se produisent outre-frontière, elle protège plutôt contre les allégations ou accusations publiques qui sont aisément muselées par des poursuites-bâillons.
The Globe and Mail, un journal pourtant réputé conservateur, déclare, dans son édition du 6 août 2009, qu’au Canada, les peines portent bien moins à conséquence qu’aux États-Unis, que l’administration judiciaire est lente, les libérations conditionnelles généreuses. L’aspect juridique n’est pas seul en cause. L’activité des sociétés minières canadiennes dans le Sud peut porter atteinte aux droits de la personne, saccager les écosystèmes, nuire à la santé publique, corrompre les institutions politiques et saigner les programmes fiscaux.
En dénonçant les excès des sociétés extractives internationales enregistrées au Canada, les auteurs espèrent sans doute encourager un meilleur encadrement de ce secteur. Pourtant, au contraire, en ce moment « [l]e modèle canadien tend à inspirer les Européens dans la course vers le bas que se livrent les institutions publiques du monde au chapitre de la (dé-)réglementation économique ».
Paradis sous terre intéressera tous ceux et celles qui sont soucieux notamment de la mondialisation, de l’économie, de l’environnement, des institutions politiques et des droits de la personne.