Dans son deuxième recueil de nouvelles, Aurélie Resch évoque de diverses manières des scènes du quotidien, des parcours outre-Atlantique, parfois en France. Malgré ce que le titre inquiétant pourrait laisser sous-entendre, les nouvelles ne traitent de rien de vraiment obsessif, de macabre ou pouvant s’apparenter à la psychanalyse ; le contexte général demeure dans un registre réaliste.
L’écriture d’Aurélie Resch se distingue par sa grande qualité et une finesse certaine : vocabulaire parfois recherché, absence d’anglicismes, phrases amples et bien structurées – autant de qualités rares chez la jeune génération d’écrivains. Cela reste vrai même pour décrire un lieu sordide : « […] ce tripot où le néon de l’enseigne grésillait et ne révélait qu’une partie de la raison sociale ».
Aurélie Resch n’abuse pas des dialogues ; elle crée des climats et fait bien sentir des instants précis. Elle réussit à transformer la banalité du quotidien pour en faire de la littérature vivante. Certaines nouvelles sembleront plus descriptives (« 14 décembre »), d’autres seraient davantage introspectives (« L’âme de fond »), à l’occasion anecdotiques (« Rupture ») et quelquefois centrées sur un événement familier : une rencontre, un anniversaire (« Mourir à trente ans »), la « visite » (« Noël »). Aurélie Resch profite de sa position omnisciente pour inventer des personnages différents les uns des autres ; le narrateur est parfois un homme marié, rangé (« Vacances au bord de la grève »). Recueil vivant mais trop bref, qu’on lira de préférence durant les vacances. On attend la suite… peut-être un roman ?