L’actuelle vice-présidente des États-Unis est sénatrice lorsqu’elle publie cette autobiographie, en 2019 pour la version originale. Jamais dans son livre elle ne nomme le président dont l’élection, en 2016, a causé un choc tant chez ses organisateurs et partisans que partout sur la planète.
Elle le désigne par périphrases ou en faisant référence à ses décrets d’autocrate qu’elle dénonce. Mais le ton de son livre n’est pas celui d’une polémiste, c’est l’histoire d’un engagement citoyen, celui d’une femme éprise de justice.
Ses père et mère, tous deux immigrés, se sont connus à l’université de Berkeley. Lui, venu de la Jamaïque, elle, du sud de l’Inde. Élevée à Oakland surtout par sa mère, ses parents ayant divorcé alors qu’elle avait six ans, elle vouera une admiration sans bornes à celle qui les a façonnées, elle et sa sœur cadette, Maya. Dès son plus jeune âge, Kamala évolue dans un milieu où le militantisme pour les droits civiques est une manière de vivre. Une mère aimante et exigeante incite ses filles à aller au bout de leurs rêves, sans oublier autrui. Vous serez peut-être les premières, mais faites en sorte que vous ne soyez pas les dernières, leur répétera-t-elle. Leçon de solidarité et de partage qui ne restera pas lettre morte. Ainsi, la formule officielle « pour le peuple » que prononce la jeune avocate en se présentant lors de son premier procès en tant que procureure prend toute sa résonance.
Elle raconte comment, au cours de ses mandats comme procureure du district de San Francisco, procureure générale de la Californie, puis sénatrice démocrate, elle n’a de cesse de se faire l’écho du peuple, de la classe moyenne qui régresse, des pauvres, des racisés, bref, de toutes les catégories de sans-voix. Grâce à ses qualités de leader, elle s’entoure de personnes compétentes et loyales, qu’elle prend soin de nommer au cours de dans son récit, et entreprend avec eux des luttes considérées comme perdues à l’avance par plus d’un. Son intervention lors de la crise des subprimes de 2008, pour que soient dédommagées les victimes de pratiques frauduleuses, est un exemple probant de la détermination avec laquelle elle défend les causes pour plus de justice.
Dans le dernier chapitre de son autobiographie, Kamala Harris partage ce qui lui apparaît nécessaire pour diriger de façon efficace, pour atteindre ses buts et rendre à chacun ce qui lui est dû. Un programme qui tient en huit formules, qu’elle dit répéter à son équipe, et qui traduit une vie publique exemplaire. Nos vérités dévoile l’autoportrait d’une politicienne inspirante par sa détermination, son éthique exigeante et sa clairvoyance.