Guildor Michaud est originaire du Nouveau-Brunswick et a fait carrière dans le monde de l’éducation, au Québec. Noooooon !, son troisième roman, débute en 1942. Il y raconte la vie d’une famille acadienne habitant le rang Price, à Drummond. Le père, Joseph-Étienne Sirois, est un cultivateur prospère bien connu dans sa communauté. Il est un esprit libre et n’hésite pas, lorsqu’il est question de s’opposer aux injustices, à tenir tête au curé et aux mauvaises langues. Il encourage même sa fille, Jacqueline, plus souvent appelée Jopette, à poursuivre des études au collège afin de devenir médecin, en plus de lui offrir des cours de piano. Pour sa part, sa femme, Melda, accorde beaucoup d’importance à l’opinion populaire et ne peut résister à l’autorité cléricale.
Tout semble bien aller chez les Sirois, mais un drame se prépare. Le fils aîné, Lonzo, grand et fort comme un bœuf, mais un peu simple d’esprit, est secrètement amoureux de sa sœur. Le soir, il l’épie par un interstice entre leurs deux chambres et la voit se dévêtir. Il se sent coupable de l’émoi dans lequel il se trouve alors. Mais, par moments, il en vient à se convaincre que c’est Jopette qui s’amuse à l’aguicher et qui est donc responsable de ce qui lui arrive. Un jour, il l’agresse brutalement, la laissant avec un corps et une âme meurtris.
Dès lors, la vie de toute la famille est chamboulée. Lonzo part cacher sa honte et son remords en s’engageant dans l’armée et en allant se battre en Europe. Quant à Jopette, on découvre bientôt qu’elle porte un enfant. Les commérages vont bon train et malgré lui, le père de la jeune femme se voit contraint de l’exiler dans une crèche à Québec. Jopette vit difficilement cette expérience. Pourtant, son séjour à cet endroit qu’elle exècre lui réserve de belles surprises qu’elle prendra du temps à apprécier à leur juste valeur : elle y trouvera l’amitié, une carrière et peut-être même l’amour…
Guildor Michaud raconte avec beaucoup de talent une histoire émouvante et souvent dure. Il y rappelle la rigidité des convenances et l’emprise de l’Église dans la vie des Canadiens français du milieu du XXe siècle. La lecture de Noooooon ! est si captivante qu’on l’interrompt difficilement et qu’on oublie qu’elle s’étend sur 900 pages.