À l’été 2004, je parcourais la Bosnie-Herzégovine, longeant le fleuve Neretva de Sarajevo à Mostar. Dès la sortie du romand’Aline Apostolska, je savais qu’y suivre les aventures de la famille Mijatovic-Apostolski me ramènerait vers mes Balkans bien-aimés. Une invitation au voyage.
L’ambitieuse fresque populaire se déroule sur une centaine d’années, de la chute des empires austro-hongrois et ottoman après la Première Guerre mondiale jusqu’à l’ultime désintégration de la Yougoslavie en 2003. La saga entremêle l’Histoire aux mille petites histoires intimes, amalgamant époques, pays, villes, nations, langues et religions dans un casse-tête complexe. Le projet est audacieux car rien n’est simple dans les Balkans dont le mot turc fusionne la douceur du miel (bal) aux exigences du sang (kan).
Aline Apostolska est née en Macédoine, en ex-Yougoslavie, a vécu à Paris et habite au Québec. Elle a travaillé dix ans à retracer ses origines et ainsi conjuguer son histoire d’amour avec l’héroïne de son livre, sa grand-mère Bernarda. « Je suis venue embrasser mes ancêtres. Un à un, je les ai posés sur l’eau comme des offrandes à l’absurdité humaine. »
En trois tableaux comportant quelques ellipses historiques, l’écrivaine campe ses personnages dont les personnalités s’imposent au gré des joies et des drames. Et de l’espoir, surtout au moment de la création de la Yougoslavie de Tito en 1945. « Au prix de beaucoup de massacres et de guerres, tous les Slaves du Sud se marieraient, vivraient, construiraient ensemble. » Mais à trop vouloir expliquer, l’historienne de formation se perd dans des détails inutiles et même lassants. Parfois, la langue s’embrouille et vacille. L’auteure s’est-elle égarée pendant sa longue gestation ?
Dommage que les cartes géographiques proposées ne soient plus récentes car de 1992 à 2005 beaucoup d’eau a coulé sous les ponts.