Les éditions Marchand de feuilles ont su encore une fois attirer le regard avec ce premier roman d’Alexandre Naple : la couverture, le format, les coins arrondis du livre en font un bel objet que l’on a envie de manipuler. De là à s’y plonger, il n’y a qu’un pas ; le suspense, le caractère inédit de l’histoire et la qualité de l’écriture font le reste, on est accroché. À ce jour, on sait peu de choses de l’auteur si ce n’est qu’il est né sur la Côte-Nord et qu’il vit à Calhoun au Tennessee, village de moins de cinq cents habitants.
Le muet de l’Anse-aux-Bernaches se conforme aux critères du roman d’aventures, dont quelques hasards et coïncidences qui frôlent l’invraisemblance. Mais le lecteur accepte la convention. Tout sera fait pour sauver le héros de l’enfer dans lequel il a été projeté après avoir été brutalisé et jeté comme mort dans le fleuve Saint-Laurent. On le retrouve dans une cage au fond de la cale du vraquier Le Médusa, où des scientifiques l’utilisent comme animal de laboratoire, en compagnie d’autres jeunes ados que l’on bourre de « Don du ciel » pour les transformer en fauves de l’arène sur qui parient les membres de l’équipage. Survivant contre toute attente à la torture qui lui est infligée, le muet NA-15, de son vrai nom Alx Stanlie, se voit entraîné dans une véritable odyssée qui le mène en Corée du Nord, au Vietnam et en Chine, pays où, en ces années, l’étranger est suspect, surtout s’il a la stature d’un Américain. Humilié, injustement accusé et condamné, persona non grata, même pour ses codétenus, il est réduit à l’état de bête de somme. Chaque fois il est sauvé in extremis, car de bonnes âmes se trouvent aussi en ces pays où les droits et libertés sont menacés, mais une nouvelle péripétie l’emporte dans une autre situation désespérée. Le héros est fort, courageux, résilient. Et la chance lui sourit…
Malgré l’extrême violence évoquée dans ce roman, on se surprend à pouvoir la supporter. Peut-être est-ce dû au fait que le narrateur externe ne nous donne pas vraiment accès au monde intérieur du Muet ; et aussi parce que les hasards, voire les phénomènes extraordinaires qui conduisent à un dénouement heureux, nous rappellent que l’histoire est fictive, même si les atrocités que subit le héros, prises isolément, se produisent dans la réalité.
La composition du roman et son style soigné et naturel donnent à penser que cet auteur n’est pas tout à fait néophyte. Alexandre Naple, un auteur à surveiller.
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