Le romancier londonien Jasper Gwyn décide un jour de dresser la liste des 52 choses qu’il s’engage à ne plus jamais faire. Parmi elles : écrire des livres. Pour officialiser sa résolution (qui mortifie Tom Bruce Shepperd, son agent), Gwyn publie cette liste dans The Guardian. Il n’en a toutefois pas réellement terminé avec l’écriture, puisqu’il conçoit bientôt une expérience littéraire inédite : devenir « copiste ». Que copie-t-il ? Le portrait de gens posant pour lui. Il ne s’agit pas simplement de décrire des visages ou des corps. Gwyn cherche à capturer quelque chose de plus profond chez l’autre. C’est pourquoi il affirme que son travail consiste à « ramener chez lui » son modèle. Guidé par son intuition, Gwyn définit très précisément le cadre dans lequel va se dérouler son expérience. Par exemple, dans le choix de l’éclairage ou de l’ambiance sonore, rien n’est laissé au hasard. Son premier portrait achevé, Gwyn constate que le résultat dépasse ses attentes. Rebecca, la première jeune femme à poser pour lui, est bouleversée par ce qu’elle lit. Les modèles suivants seront à leur tour ébranlés par leur portrait. Un charme inattendu a opéré. Et pourtant, l’écrivain portraitiste n’est pas l’homme que l’on croit.
Dans Mr Gwyn, Alessandro Baricco démontre une fois de plus sa grande maîtrise de l’art du conteur. La prose du romancier italien est d’une précision chirurgicale alors que son imagination séduit par sa finesse et son extravagance. Ce n’est pas la première fois qu’une œuvre de Baricco le hisse parmi les plus grandes plumes de la littérature contemporaine. Ses romans ont souvent été primés : pensons à Océan mer (prix Viareggio 1993), Château de la colère (prix Médicis étranger 1995) et Soie (Prix des libraires du Québec 1998). Mr Gwyn offre plus que la confirmation d’un talent. Cet envoûtant roman porte la marque du génie.
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