La chanteuse country évoquée dans le titre, c’est Dolly Parton, celle-là même qui endisquait en 1974 une chanson baptisée « Jolene » qui traite de sa crainte que son mari la trompe. La narratrice du roman, Jolène, accueille cette filiation comme une espèce de croix à porter, parce qu’elle se sent « condamnée à l’adultère ou à briser des cœurs » en raison de l’aura de cette chanson.
Entourée de ses meilleurs amis Bear et Pouliche, entre son vibrateur et son acouphène, Jolène court les spectacles de musique et poursuit un obscur projet dont on comprend qu’il vise surtout à expérimenter des relations qui sortent du modèle standard du couple hétérosexuel, fusionnel et en quête de fidélité.
Dans une langue crue et avec un ton réaliste, le roman est parfois très drôle même si certains effets (l’onomatopée du vibrateur qui s’étend sur plusieurs pages, par exemple) finissent par lasser. Le talent de Jolène Ruest s’exprime surtout dans les atmosphères qu’elle dessine, souvent en se contentant de nommer les objets pêle-mêle qui forment le décor. Qu’il s’agisse d’un loft où se tient un spectacle clandestin, de sa salle de bain qu’elle explore d’un autre œil en couvant sa cuite couchée au sol ou du salon où ses deux amis finissent par crécher, l’auteure fait émerger de petits tableaux éphémères qui témoignent du chaos ambiant.
Malgré tout, l’enjeu reste assez mince et quand des crises éclatent entre les trois amis, on ne comprend pas très bien où ces soudaines émotions vives prennent racine. On peut aussi déplorer que l’auteure nous offre un monologue un peu trop didactique, dans les trois dernières pages du livre, pour confirmer au lecteur ce qu’elle a tenté d’explorer.
Malgré quelques bémols, il s’agit d’une lecture réjouissante à plusieurs égards. On pourrait croire qu’il y a là tous les éléments de la chick lit : une jeune femme, ses amis, sa quête de bonheur, son quotidien parfois loufoque, souvent vain… Mais Jolène Ruest a pris la recette de la chick lit et l’a passée au déchiqueteur avant de la recoudre autrement. Il y a aussi abus de substances, des propositions sexuelles inusitées et surtout pas de recherche du grand amour, tout au contraire. De la chick lit heavy métal, en quelque sorte.
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