L’âge d’or du théâtre montréalais revu à travers une biographie indispensable de Monique Miller.S’il est relativement aisé de faire l’histoire du théâtre en retraçant les pièces marquantes et les dramaturges les plus influents, il reste beaucoup plus difficile de relater l’histoire des acteurs et actrices ayant donné à tant de pièces, car il ne subsiste pratiquement rien de leurs prestations à part les souvenirs et très peu d’enregistrements audiovisuels ; il faut s’en remettre aux commentaires et à des critiques plus ou moins subjectives. Ce problème semble particulièrement aigu au Québec, et Monique Miller déplore ce culte du présentisme : « Il n’y a plus de respect pour ce qui a été fait avant. Tout est dans l’instantané ».Mais cela ne devrait pas nous empêcher d’apprécier cette biographie de notre grande dame du théâtre, qui a joué les classiques de Marcel Dubé, Gratien Gélinas et tant d’autres. Le premier tournage de Monique Miller fut justement Tit-Coq (1952), film pionnier dans l’histoire du cinéma canadien où elle joua le rôle principal féminin ; son père dut alors endosser son contrat puisque la comédienne était encore mineure ! Depuis, sa carrière n’a pas cessé d’atteindre des sommets. L’apport de Monique Miller à chaque projet suffit à le transfigurer et à le marquer de son empreinte, même dans des rôles secondaires – pensons à Jésus de Montréal.On s’étonne de voir évoqués tant de grands rôles sur scène et à la télévision joués par une seule comédienne, mais si peu d’archives qui auraient préservé et rediffusé ces téléthéâtres et tout ce pan oublié de notre culture. On regrette de ne pas pouvoir revoir sa prestation dans le rôle d’Élise dans l’adaptation québécoise de Pygmalion d’après George Bernard Shaw, produite au Théâtre du Nouveau Monde juste avant la sortie des Belles-sœurs de Michel Tremblay. Monique Miller y interprétait une Élise qui passait du joual typiquement montréalais à un français parfaitement châtié, sous les conseils d’un phonéticien joué par Jean-Louis Roux.Fort heureusement, cette défaillance de nos archives nationales est partiellement compensée par le fait que Monique Miller a conservé et archivé beaucoup de ses prestations : « Elle a même des documents audiovisuels que Radio-Canada n’a plus ». Mais où pourrait-on réentendre les entretiens qu’elle animait lors de son émission radiophonique Quand on s’endimanche, diffusée en 1979 ? Le directeur des programmes de Radio-Canada, Paul-Marie Lapointe, l’aurait licenciée en 1980 en raison de ses propos souverainistes.Le principal reproche qui pourrait être formulé au biographe Pierre Audet serait sa concision : avec moins de 300 pages, sa biographie est beaucoup trop brève et Monique Miller méritait le double ! Tant de productions méconnues comme le court métrage onéfien La beauté même (1964) auraient dû être au moins résumées – et pas seulement évoquées en une phrase. Des annexes et une liste exhaustive des participations de la comédienne auraient été utiles ; si on ne les trouve pas dans les biographies, où pourrait-on les consulter ?
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