Québec, 1898 : Francis Leahy, un « bleu », comme on dit dans la police, se voit charger d’enquêter sur le meurtre d’Arthur Laflamme, journaliste à la plume acerbe – pour ne pas dire enfiellée –, occis d’un coup violent au crâne. Chose étrange, son meurtrier lui a tranché la gorge après sa mort. Sur les lieux du crime, jonchés de feuillets, un presse-papier taché de sang, un couteau de marin, une petit crucifix et une lettre consumée sur laquelle on devine une signature commençant par Bo Be Ba ou, encore, Ro Re Ra. Solides indices ou indices trompeurs ? En laissant sur les lieux du crime un couteau qui n’est pas l’arme du crime et en s’emparant des derniers articles du journaliste, l’assassin aurait-il voulu orienter l’enquête dans une direction bien précise et incriminer des personnages qui avaient tout intérêt à faire disparaître un gêneur ?
Après lecture des articles enflammés que publiait Arthur Laflamme, dans lesquels il attaquait avec acharnement certaines personnes, les soupçons du jeune enquêteur se porteront inévitablement sur celles qui auraient eu intérêt à faire taire le virulent journaliste.
Après quelques observations rapides et des recherches sommaires, tout accuse un certain Berthelot, ancien zouave pontifical, chargé de négocier l’électrification de l’archevêché pour le compte d’une importante compagnie d’électricité. Mais un doute subsiste se pourrait-il qu’un collègue de Laflamme ait pu commettre le meurtre ? Ou encore Arthur Laflamme, franc-maçon, aurait-il enfreint les règles de la loge maçonnique ? Enfin, un membre du clergé cupide à la conscience élastique aurait-il pu commettre l’irréparable ?
Voilà une intrigue ambitieuse qui aurait pu susciter plus d’intérêt sous la plume d’un auteur aguerri qui maîtrise les rouages du polar. L’art du roman policier tient avant tout à l’imagination et à l’habileté de l’auteur, à son sens de l’action, à son talent pour nourrir l’intrigue et manier les revirements, ce qui n’est pas donné à tous. Antoine Yaccarini, dont c’est le premier roman, pourra certes récidiver puisque malgré des carences certaines et un happy end à l’eau de rose, Meurtre au soleil, divertissant, plaira à des lecteurs novices ou peu exigeants.