Vous est-il déjà arrivé de redécouvrir, au fil de vos lectures, un souvenir profondément enfoui dans votre mémoire ?
Lecteur attentif, Bernard Pivot a colligé ces ricochets et réminiscences pour en faire un point de départ d’autant d’historiettes ; il les partage en se remémorant comment certains passages chez ses romanciers de prédilection ont occasionné, voire provoqué l’émergence d’un épisode de sa vie antérieure.
C’est ce qui justifie le titre de La mémoire n’en fait qu’à sa tête, qui s’apparenterait presque à un recueil de nouvelles dérivées d’une simple étincelle.
Naturellement, chacun pourrait à sa guise établir sa propre liste de digressions, réflexions impromptues, boutades, coq-à-l’âne à partir de ses lectures. Celles de l’ancien animateur d’Apostrophes permettent d’apprécier sa vaste culture livresque et de trouver une multitude de pensées inspirantes. Les points de départ sont souvent des détails apparemment anodins, un passage d’une œuvre obscure, une phrase oubliable tirée d’un premier roman, mais des auteurs confirmés sont aussi au rendez-vous : Marcel Proust, Romain Gary, Jean d’Ormesson, François Nourissier et tant d’autres qui sans le savoir auront inspiré une page de ce livre. Ce ne sont pas des comptes rendus, mais plutôt différents trajets d’un contexte vers un autre, un peu comme ces retournements de situation dans le film Le fantôme de la liberté (1974) de Luis Buñuel. Mais face à ces écrivains qui sèment à tout vent, Bernard Pivot conserve cette modestie exemplaire qui le caractérise dans une écriture toujours élégante et jamais inintéressante.
Distractions, apartés, saillies, anecdotes, certes ; mais aussi maximes et citations. Bref, d’heureux hasards qui deviennent en somme une véritable célébration de la lecture. Pour conclure audacieusement son seizième livre, l’auteur de Métier de lire s’amuse en proposant l’exercice impossible de résumer prosaïquement, en un seul quatrain, le propos d’une douzaine de grands romans et de recueils de poésie, de L’Odyssée à Thérèse Desqueyroux, en passant par Du côté de chez Swann ! Le résultat de ce petit jeu constitue en soi une illustration éloquente de ce qui reste du propos d’une œuvre littéraire si l’on en enlève le style de son auteur. Et pour reprendre le vocabulaire de 100 mots à sauver du même auteur, ce ne sont ni des carabistouilles ni des coquecigrues, mais bien de merveilleuses invitations à la lecture que l’on trouve à chaque page de La mémoire n’en fait qu’à sa tête.
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