Depuis 2015 nous étions « sans nouvelles » de Bernard Lévy, mais nous venons d’en recevoir par l’intermédiaire de l’éditeur Del Busso. On nous offre ainsi dix très bonnes nouvelles, dans lesquelles l’auteur se plaît à nous inquiéter. La nouvelle éponyme nous laisse aussi dubitatifs que les passants qui voient l’écrivain – ou plutôt son alter ego – regarder fixement une phrase calligraphiée sur un mur à Montréal. Qui l’a écrite ? À qui s’adresse-t-elle ? Lorsqu’il retourne sur les lieux le lendemain, il n’en reste plus trace et une agence de publicité du nom de Sphinx s’y trouvera quelques mois plus tard.
Alors que le précédent ouvrage de Bernard Lévy, La nuit du violoncelliste, était centré sur la thématique de la musique, celui-ci, qui a pour sous-titre Dix préludes à l’amour, traite de la séduction. Néanmoins le choix du terme « prélude » montre l’importance de la musique pour cet auteur dont les textes ont inspiré plusieurs musiciens. La première nouvelle est une « Brève leçon de séduction » que le héros donne avec humour aux hommes, tandis que dans la cinquième, « La séductrice », il devient le cobaye volontaire d’une étudiante en sexologie.
Parfois, il suffit de peu de choses pour amorcer un roman. C’est le cas dans « L’une fume, l’autre pas », où les deux protagonistes échangent leurs numéros de téléphone, après avoir assisté à une altercation sur un quai de métro. En revanche, dans « La morsure d’un amour fou », ce qui aurait dû être une nuit passionnée se transforme en un échec dont chaque partenaire se sent responsable. L’histoire d’amour se termine sur « une malheureuse affaire de testostérone pas évacuée ».
L’éloquence est l’arme de prédilection de celui ou celle qui veut conquérir la personne qui lui plaît. Une phrase écrite sur une feuille, arrachée à un carnet, tendue par un homme à une femme assise sur un banc dans un parc, constitue la première étape de la « Brève leçon de séduction ». Dans « Une histoire de pomme », Adam et Ève inventent l’onomatopée en nommant « pomme » le fruit défendu à cause du bruit qu’il fait en tombant. La nouvelle intitulée « La bavarde », un véritable morceau de bravoure, fait le lien entre l’érotisme et la gastronomie. Djemila, la bavarde, chef dans un avion, commande à « des cohortes de salsifis rétifs » tout en prêtant l’oreille au « roucoulement des sauces ». Elle détourne l’avion et tous les passagers sont retenus captifs sur une île non identifiée. Qu’est-ce que cela signifie ? « C’est votre boulot d’éclaircir cette énigme ». Le lecteur a sans doute déjà deviné. Méfiez-vous ! Ce livre risque de vous captiver.
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