Ce titre, qui fuse tel le cri du clairon, provoquera sûrement de copieuses discussions dans ces lieux que Rocky Brisebois, de sportive mémoire, appelait « les abreuvoirs ». Le débat que suscite et qu’espère sans doute Michel Brûlé se logera à côté de celui qui oppose les adorateurs du Rocket aux fervents de Gordie et de celui qui compare les mérites de Bobby Orr à ceux de Jean-Claude Tremblay ou de Doug Harvey. Sportifs en pantoufles, à vos marques !
Brûlé entre dans l’arène en établissant sans conteste sa compétence en matière de hockey. Son bouquin fait mention de tous les points – buts et passes – obtenus par Mario-le-Magnifique depuis les parties jouées au palier atome jusqu’aux éliminatoires de la Ligue nationale de hockey (LNH). Si tel but fut marqué grâce à un lancer dans la lucarne gauche du filet, nous en sommes avisés. Sur ce terrain, Brûlé est inattaquable.
Il devient vulnérable, cependant, lorsqu’il lance dans le débat la vaste mythologie des clichés, ragots et autres imprécisions qui embellissent la réalité du spectacle sportif. Il revient à plusieurs reprises sur l’émeute du Forum dont on sait, depuis l’étude de Benoît Melançon (Les yeux de Maurice Richard, Fides, 2006), qu’elle fut tout au plus un pétard gêné. L’auteur amplifie sa vulnérabilité lorsqu’il fait intervenir le facteur linguistique et culturel dans sa sélection des meilleurs talents sportifs. Autant Mario Lemieux mérite l’admiration, autant d’autres athlètes issus d’autres collectivités linguistiques méritent eux aussi les applaudissements. Chose certaine, ce n’est pas le gène du français qui détermine le champion des compteurs.
Brûlé affaiblit encore sa position quand, au lieu de s’en tenir à l’admirable Mario, il s’emploie à la défense tous azimuts des Penguins de Pittsburgh, jusqu’à Sid the Kid Crosby.
Faisons la part des choses. Brûlé est un éditeur au flair vérifié. Grâce à sa maison d’édition, la série Amos Daragon, que signait Bryan Perro, a provoqué un engouement sidérant chez les jeunes garçons ; les adolescentes n’étaient plus les seules à lire. En publiant Le petit prince retrouvé (Jean-Pierre Davidts, 1997), Brûlé insérait une icône littéraire dans la modernité. Qu’il veuille aujourd’hui titiller les tribunes téléphoniques rongées par le fanatisme sportif en leur fournissant un prétexte à débordements, cela ne devrait ni surprendre ni provoquer de tsunamis.
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