Destiné à un public de quatorze ans et plus, Marie Réparatrice raconte l’histoire d’une fillette de huit ans qui a le don de faire revenir à la vie les êtres trépassés. Le livre se présente comme un « roman-poème » écrit en vers, dans les mots tout simples de la jeune fille. Le talent de Louis-Philippe Hébert consistera ici à créer un double discours : une réalité en effet beaucoup plus complexe transparaît à travers ces paroles d’une naïveté touchante et désarmante. Un père violent, la solitude, la pauvreté. « [Q]uand je l’ai pris dans mes bras / le chat avait un peu de bave à la gueule / c’est comme ça qu’on dit / la preuve / quand mon père dit / ferme ta gueule / ma mère répond toujours / la gueule c’est pour les animaux. » Mais le nœud du drame est beaucoup plus intime. Si la fillette répare, quelque chose en elle se brise. Il est vrai qu’après avoir ressuscité le chat, son bras s’est cassé.
La langue, toujours accessible, n’en est pas moins poétique, mais d’une poésie tout enfantine. Celle d’un enfant qui s’interroge sur le sens des expressions dont usent les adultes, mais aussi sur les mots eux-mêmes et les réalités qui l’entourent. Il n’est pas étonnant que ce texte ait remporté le Prix du Gouverneur général dans la catégorie livre jeunesse en 2015. L’auteur, lui-même éditeur, nous donne l’occasion de le relire avec cette version format de poche. Bien qu’écrit pour les jeunes, Marie Réparatrice peut être lu pour ce qu’il est, un beau texte littéraire. Un seul bémol à cette édition : la longueur de la bibliographie et des commentaires sur le livre (une dizaine de pages). Le texte se défendrait très bien seul.
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