La réalité agroalimentaire nous entraîne dans des ramifications que nous ne soupçonnons pas toujours. Nous n’hésitons pas à rouler dix minutes en automobile pour la laisser dans un immense stationnement face aux supermarchés grande surface vers lesquels nous drainent des spots publicitaires plus ou moins drôles. Bon, cela occasionne des gaz à effet de serre, la perte de terres arables, d’arbres, peut-être de cours d’eau et d’animaux, mais on espère que la mauvaise conscience (si jamais elle s’est réveillée ?) s’arrête là pour enfin en avoir pour son argent. Pas sûr.
Tiens des yogourts ! De jolis petits contenants en plastique feront l’affaire. Le lait provient d’une des méga-fermes, où la production est stimulée par différentes hormones : sommes-nous tout à fait sûrs qu’elles sont inoffensives ? En tout cas, aux États-Unis le HCrb (somatotropine) continue d’être utilisé alors qu’il est interdit ailleurs : il affecte grandement les vaches qui en consomment, et son facteur cancérigène chez les humains n’étant pas encore démontré hors de tout doute, on l’utilise ! Les fruits viennent de partout sur la planète, certains ont même voyagé en avion. Ces produits ont été développés par tous les moyens possibles afin d’augmenter la productivité ; c’est l’ère de la mondialisation, tous se font une concurrence sans merci pour s’accaparer les marchés. Alors bonjour le festival des engrais chimiques, des pesticides, des herbicides, des OGM (ça prend des produits parfaits, non ?), des montagnes de purin, que non seulement la terre n’est plus capable d’absorber, comme jadis dans les fermes traditionnelles, mais qui infectent les nappes d’eau potable et parfois les contaminent avec la bactérie E.coli. On ne paie pas cher notre produit, mais le coût de tous ces kilomètres alimentaires (pollution, réchauffement de la planète, construction de routes et autres infrastructures) est retourné à la collectivité, tout comme est retourné aussi à la collectivité le coût du traitement des emballages non biodégradables dans des sites d’enfouissement ou dans des incinérateurs qui vomiront leur toxicité dans l’environnement. Les profits sont privatisés et les déficits, socialisés.
Manger local nous invite à prendre conscience de l’envers de notre assiette : notre asservissement envers les multinationales qui décident de notre destinée alimentaire. Les auteurs dénoncent la présence de ces fermes-usines fortement subventionnées qui, en plus de polluer l’environnement, ont acculé à la faillite des milliers de petites fermes même si leur rendement par hectare est meilleur que dans l’agriculture industrielle. Ils nous invitent à faire le choix logique de l’agriculture de proximité (achats de produits locaux et biologiques, panier de légumes hebdomadaire, fréquentation de marchés publics et de coopératives ) pour éviter les transports inutiles, s’assurer de la qualité des aliments et revivifier les communautés mises en péril par les géants de l’agroalimentaire. Plus que jamais, small is beautiful.