Depuis le 11 septembre 2001 particulièrement, il est de bon ton, notamment au Québec, de fustiger les États-Unis et leur politique extérieure jugée agressive et d’accuser nos voisins du Sud de traits de caractère grossiers, allant de la conscience étroite au simplisme d’esprit.
Hormis certains experts, combien d’entre nous passent outre ces images faussées et peuvent se vanter de connaître vraiment ce vaste pays de l’intérieur, hors des plages de la Virginie ou de la Floride ? Fort à-propos, le philosophe et essayiste français Guy Sorman nous convie, avec ouverture et générosité, à un voyage à l’intérieur de l’espace américain. Et ce, dans des lieux peu fréquentés par la plupart d’entre nous, des territoires non seulement géographiques, mais idéologiques, visités par l’entremise de différents meneurs : églises, universités, ONG, etc., chacun avec sa vision du devenir de cette société à l’influence planétaire, mais tous portés par l’indestructible credo américain de la « poursuite du bonheur ».
Il en ressort un portrait complexe et varié, et combien riche de la société américaine actuelle, de ses tentations religieuses croissantes, de ses criantes contradictions d’où émergent souvent les valeurs universelles de demain. « Ces Américains qui paraissent si semblables, vus de l’extérieur, vus de près sont engagés dans un conflit idéologique permanent attisé par les extrêmes. » Conflit sur les valeurs, où le rôle de Dieu, du mariage, de la famille, bref les idées, et non l’économie, monopolisent les débats pour le contrôle de la société. Une nation farouchement démocratique, réunie autour de sa Constitution, protectrice des droits, et du capitalisme, comme régulateur économique. Un capitalisme sans cesse en mouvement, car fondé sur la « destruction créatrice », particularité typiquement américaine où c’est « l’instabilité de l’emploi qui conduit à une sécurité globale ».
De ce portrait qui se lit d’un trait, la dernière phrase sonne juste, notamment en référence aux anti-américanistes : « À notre époque, le philo-américanisme n’exige pas d’aimer les États-Unis : ne pas les haïr suffit ».