Moins connu au Québec qu’au Canada anglais, David Suzuki est un environnementaliste des premières heures. C’est grâce à son émission de télévision, The Nature of Things with David Suzuki, diffusée à la CBC depuis 1979, qu’il s’est fait connaître. Mais c’est surtout son engagement dans de nombreuses causes environnementales depuis plusieurs années qui a fait de lui une référence dans le domaine. Avant d’atteindre le statut (relatif) de célébrité médiatique, Suzuki a vécu les camps d’internement canadiens pendant son enfance et enduré un racisme insidieux au début de sa carrière universitaire. C’est ce parcours qu’il résume avec émotion dans Ma vie, publié en version française chez Boréal à l’automne 2006.
David Takayoshi Suzuki et Marcia, sa sœur jumelle, sont nés le 24 mars 1936 en Colombie-Britannique de parents eux aussi nés au Canada dans la première décennie du XXe siècle. Si les années 1930 ont été difficiles pour l’ensemble de la société, elles l’ont été encore plus pour ces « ennemis de l’État ». Bien que le jeune Suzuki aura la « chance » de fréquenter l’école et plus tard l’université, ce sentiment de rejet et de profonde injustice l’habitera toute sa vie. Seul parmi les Blancs et parmi les représentants d’autres minorités (la communauté chinoise, par exemple), il se tournera vers les autochtones. C’est d’ailleurs grâce à eux qu’il sera sensibilisé à l’écologie et à l’importance de la protection de l’environnement, mais surtout qu’il fondera sa perception et sa compréhension holistique du monde qui nous entoure et saisira l’urgence de sa protection.
Malgré quelques faiblesses littéraires, Ma vie raconte, souvent avec émotion, le cheminement d’un homme qui, à travers sa carrière de généticien, d’animateur et de vulgarisateur scientifique à la CBC, de grand voyageur et, enfin, d’humaniste visionnaire, a su se laisser pénétrer par les hauts et les bas d’un XXe siècle peu glorieux. Animé par une rare passion pour la planète, David Suzuki refuse les excuses dont abusent les politiciens pour éviter de reconnaître les effets néfastes d’une économie sauvage sur le seul lieu habitable que nous ayons.