L’auteur est né au Rwanda en 1987. Son père était tutsi, une des trois ethnies qui, avec les Hutus et les Twas, constituent la quasi-totalité de la population du pays.
Bien que sa mère ait été hutue, Albert Nsengimana et ses huit frères étaient considérés comme étant de l’ethnie de leur père. Lorsque, en 1994, les massacres de Tutsis ont débuté sur une grande échelle, Albert n’avait que sept ans. Il y a aujourd’hui vingt-cinq ans se produisit un carnage d’une sauvagerie insensée, qui s’est soldé par un million de morts et d’innombrables blessés. La grande majorité des victimes furent des Tutsis. C’est que, en dépit du fait que les trois ethnies présentes au pays partageaient la même langue et les mêmes coutumes, le gouvernement rwandais d’alors entretenait depuis plusieurs années une atmosphère de méfiance et de haine à l’endroit de ce groupe. On peut même affirmer qu’il régnait un véritable apartheid au « pays des mille collines », puisque les Tutsis étaient systématiquement écartés de nombreux postes de pouvoir et d’autorité. L’accès à l’école leur était également limité.
Le génocide de 1994 n’a pas été un embrasement imprévisible. Depuis des années, le feu couvait : en effet, des actes de violence et des assassinats de Tutsis demeuraient impunis. Il a suffi d’un prétexte, en 1994, pour déclencher le carnage. Et ce fut l’assassinat du président Habyarimana qui joua ce rôle.
Entraîné dans la tourmente, Albert Nsengimana assista à la mort de certains de ses frères. Croyant trouver la sécurité auprès de sa mère, réfugiée dans sa famille hutue, il fut cruellement déçu lorsqu’elle voulut le conduire auprès de ceux qui devaient lui enlever la vie. À la suite de péripéties surréelles, sa vie fut pourtant épargnée. Certains des événements dont il a été témoin sont d’une extrême tristesse, comme ces enfants qui, suppliant leurs bourreaux de les épargner, juraient qu’ils ne seraient plus tutsis.
Son témoignage, livré malgré tout sur un ton empreint de fraîcheur, d’optimisme et de sagesse, révèle ses espoirs pour le Rwanda d’aujourd’hui et de demain. Il avoue pourtant combien il a été douloureux pour lui de rédiger son livre, ce qui l’obligeait à se replonger dans l’horreur. D’où l’importance d’entendre sa voix.