À une époque où les guides touristiques abondent, où le monde semble plus que jamais avoir été « rincé de son exotisme », pour reprendre la fameuse expression qu’utilisait déjà en 1929 l’écrivain Henri Michaux, comment décrire ses voyages de façon originale ? Tout dépend de ce qu’on décide de voir et comment on le donne à voir, répondrait sans doute le globe-trotteur Bruno Blanchet. En effet, dans le quatrième tome de ses chroniques de voyage, celui-ci recourt aux moyens qui lui ont permis de donner une dimension créative et personnelle à ses « frousses autour du monde ». On y trouve d’abord des destinations qui plongent le lecteur au cœur du « tourisme d’aventure » et des « chocs culturels » qui l’accompagnent. Des Philippines à l’Australie en passant par la Turquie, la Syrie, le Liban, la Jordanie, l’Égypte, le Soudan, l’Éthiopie, le Yémen, le Kenya, le Maroc, le Sénégal, le Vietnam, le Laos, le Pérou, l’Amazonie, la Tanzanie, le Rwanda, le Burundi, le Mali et la Thaïlande, Blanchet recherche avant tout les « bon[s] site[s] à cocher, dans une liste de globe-trotteur », des sites qui lui permettent de vivre des expériences insolites et parfois même périlleuses. En plus de sortir des sentiers battus, le voyageur-chroniqueur parvient également à surprendre le lecteur en tablant sur un humour décalé, sur des exagérations fantaisistes, sur des images et des thèmes inattendus (par exemple, de la « poutine en Asie », « du pâté chinois en Afrique ») et sur la remise en question de certaines idées reçues (par exemple, « le Jourdain n’est pas un fleuve… C’est un ruisseau », « la mer Morte n’est pas une mer, mais un lac. Et si on y flotte, c’est parce que c’est dégueulasse » ; le Sahara « n’est pas jaune », il « est même souvent vert », « À Kigali, aujourd’hui, le plus grand danger, vraiment, est de se faire écraser par un 4X4 de l’ONU », etc.). Enfin, pour personnaliser davantage le récit de ses pérégrinations, Blanchet fait appel à une certaine forme d’horizon autobiographique : du propos sur le voyage on passe aux confidences du voyageur, qui nous parle de ses peurs vaincues, de ses souvenirs, de son fils Boris, de sa conjointe thaïlandaise, etc. Après quatre recueils de chroniques, Blanchet maîtrise bien son personnage d’aventurier intrépide, cynique, sensible et malchanceux. « Je suis l’incarnation de la loi de Murphy : lorsqu’un système est apte à faillir, il faillira, devant moi. Gaston Lagaffe peut aller se rhabiller ! » Bref, le lecteur retrouvera une ultime fois le personnage attachant, l’humour pince-sans-rire et la touche d’autodérision qui ont fait le succès des trois premiers volumes.
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