La femme politique Louise Harel ne fait sans doute pas l’unanimité, comme la plupart des politiciens d’ailleurs, sauf quelques rares exceptions, mais on ne saurait lui reprocher son manque de conviction ou d’engagement. Personnage controversé, elle semble avoir toujours su clairement ce qu’elle voulait et où elle allait.
L’auteur Philippe Schnobb, ex-président du conseil d’administration de la Société de transport de Montréal de 2012 à 2021 et ancien journaliste, a titré avec justesse sa dernière œuvre Louise Harel. Sans compromis. Dès l’avant-propos, il met les pendules à l’heure : « [J]’ai eu envie de comprendre comment cette politicienne […] pouvait être à la fois qualifiée de ‘grande dame’ par certains et de ‘sorcière’ par d’autres. Visiblement, elle ne laisse personne indifférent ».
Nul ne saurait accuser Schnobb d’avoir tourné les coins ronds, puisqu’il indique avoir « eu des entretiens avec plus de 70 personnes ». En outre, la qualité et le nombre de ses sources d’information impressionnent. Cependant, son écriture plutôt froide peut paraître manquer d’âme et d’émotions, et son ton est davantage celui d’un reporter que celui d’un biographe.
Louise Harel est née en 1946 à Sainte-Thérèse-de-Blainville, deuxième d’une famille de cinq enfants. Elle est la cadette du poète et musicien Pierre Harel, dont le passage entre autres dans les groupes Offenbach et Corbeau aura marqué l’histoire musicale du Québec. Elle est l’aînée de Suzanne Harel, la conceptrice de costumes de talent qui a su émerveiller les téléspectateurs québécois avec les tenues des personnages de La Petite Vie, pour ne mentionner que celles-ci.
Louise Harel a un parcours moins étonnant que ses frère et sœur : cours classique au séminaire de Sainte-Thérèse, formation en sociologie, puis en droit à l’Université de Montréal, admission au Barreau du Québec en 1978, avant son élection comme députée d’Hochelaga-Maisonneuve pour le Parti québécois pendant 27 ans (1981-2008). Plusieurs fois ministre, elle a été derrière des changements importants, dont les dossiers de l’équité salariale, la réforme de l’aide sociale, la création d’Emploi-Québec et les fusions municipales.
En 2009, Louise Harel se lance dans la politique municipale et annonce sa candidature à la mairie de Montréal sous la bannière de Vision Montréal. Elle sera cheffe de l’opposition officielle de 2009 à 2013, année où elle se retire de la vie politique après avoir été battue dans Sainte-Marie (arrondissement Ville-Marie) par Valérie Plante, mairesse depuis 2017.
Avec sa voix douce, parfois même qualifiée de doucereuse par certains, la rebelle Louise Harel est une fine stratège. Patiente, la pasionaria attendra trois ans avant de faire son entrée au Conseil des ministres, longtemps écartée du pouvoir par un René Lévesque réticent. En entrevue (juin 2022), Louis Bernard minimisera l’impression d’antipathie qui pourrait se dégager de l’attitude de monsieur Lévesque envers madame Harel, en déclarant : « [I]l avait des réserves, bien sûr, mais il avait de l’estime pour elle ».