On n’en finit plus de parler de l’islam depuis quelques années. Attentats du 11 septembre 2001 et autres actes violents, crise des caricatures du Prophète, arrestations de présumés comploteurs à Toronto, la religion islamique occupe le devant de la scène et souvent pour des événements dramatiques, qui mettent fortement à mal son image et celle de ses adeptes. Il y a donc lieu, et plusieurs le font, de poser la question : le problème réside-t-il dans la religion elle-même ou celle-ci est-elle plutôt pervertie par quelques-uns de ses mauvais fidèles ?
Voulant éviter le piège de verser soit dans le dénigrement soit dans l’apologie, l’islamologue algérien Mustapha Chérif se fait fort de retourner au Coran et à ses principaux penseurs. La première partie du livre se penche ainsi sur ce que l’auteur nomme les « dix dimensions de l’islam » (la justice, la paix, etc.), bref les bases philosophiques de cette religion. Il en conclut que « le Coran, cette voix qui nous interpelle, par sa structure même appelle fondamentalement à l’ouverture ». Ceci dit, il existe des lectures fermées, négatives de l’islam, reconnaît l’auteur, qui ouvrent la voie à un intégrisme réducteur. Ces écueils sont l’oubli du contexte de la Révélation coranique, une lecture sélective des versets coraniques, la faiblesse du raisonnement découlant de l’étude de la foi islamique. Cette fermeture « défigure » l’image de l’islam et il convient de la « saper », notamment par l’autocritique, le retour à une authentique pensée créative.
La deuxième partie du livre s’intéresse à l’islam et la mondialisation. Une partie de la résistance islamique n’a rien à voir avec l’intégrisme et relève plutôt d’une lutte contre ce qui est perçu comme une mouvance injuste, a-religieuse, déshumanisante. Récusant totalement la théorie du choc des civilisations (entre le monde occidental et l’islam), Mustapha Chérif soutient que ce que veulent les musulmans, c’est plus de justice et de sens. Qu’ils ne pourront trouver qu’en bouleversant leur ordre politique actuel, car la force y prime le droit.
Le message essentiel est que les musulmans doivent trouver, de l’intérieur, une modernité qui leur est propre, par le dialogue, autant entre eux qu’avec les autres civilisations. Bref, ils doivent « tenter de retrouver l’ouvert », pour reprendre le titre d’un chapitre de cet essai, cet esprit généreux qui est à la base de leur foi, et qui seul peut fonder une évolution positive de leur devenir.