Bien qu’elle fasse l’objet de plus en plus de recherches et d’études depuis quelques décennies, la littérature québécoise du XIXe siècle reste relativement méconnue et sous-estimée du grand public.
Aussi, toute initiative visant à la faire mieux connaître et à la mettre en valeur mérite-t-elle certainement d’être saluée. Publié dans la collection « Aujourd’hui l’histoire avec », qui entend poursuivre « le travail de médiation historique initié par l’animateur Jacques Beauchamp sur les ondes d’ICI Radio-Canada Première », l’ouvrage du professeur Claude La Charité se présente comme « une introduction » à cette période d’émergence de la littérature nationale, « avec, nous dit-il, ce que semblable invention suppose d’effervescence, de débats, de divergences de vues, de propositions audacieuses ou conventionnelles ». L’étude s’articule en quatre parties qui regroupent, sur un plan chronologique et en huit chapitres, des œuvres et des auteurs marquants du siècle. Une première partie porte sur les « Premiers essais romanesques » que sont les romans L’influence d’un livre (1837) et La terre paternelle (1846). La deuxième partie traite de trois auteurs de « L’École patriotique de Québec », Joseph-Charles Taché, Henri-Raymond Casgrain et Philippe Aubert de Gaspé père. La troisième partie, intitulée « Premières reconnaissances internationales », concerne le poète Louis Fréchette et la romancière Laure Conan. Enfin, la dernière partie, « Avènement de la modernité à l’École littéraire de Montréal », est consacrée au poète Émile Nelligan, dont l’importance dans notre histoire littéraire justifie sans nul doute une attention particulière, même si sa poésie se fera surtout connaître une fois publiée en volume par le critique Louis Dantin en 1904. Chaque section est accompagnée d’illustrations et d’encadrés qui présentent des extraits de certaines des œuvres et se termine par un bref commentaire sur la postérité littéraire et culturelle, mais aussi toponymique de l’auteur abordé.
Destiné à un public néophyte, l’ouvrage propose avant tout un état du savoir reçu au sujet de quelques classiques consacrés par l’histoire littéraire traditionnelle. Il s’agit davantage ici de faire découvrir un corpus que de chercher à le repenser et à le réinterpréter. À quelques exceptions près, la sélection s’apparente à celle qu’on retrouve généralement dans les manuels et les anthologies. Qu’à cela ne tienne, susciter l’intérêt à partir d’œuvres et d’auteurs phares, mettre en lumière leur particularité et leur inventivité vaut bien « une invitation à la lecture d’autres œuvres et à la découverte d’autres écrivaines et écrivains ». Comme il est d’usage, La Charité reconnaît n’avoir aucune prétention à l’exhaustivité et que d’autres grandes figures auraient mérité d’être prises en considération, nommément Arthur Buies, Octave Crémazie, Pierre-Joseph-Olivier Chauveau et Robertine Barry. Quelques noms manquent toutefois à cette liste d’absents ayant contribué à « l’invention de la littérature québécoise », notamment celui d’Antoine Gérin-Lajoie, et plus particulièrement celui de François-Xavier Garneau, qu’une certaine tradition de lecture considère comme « le Père de la littérature canadienne ». En somme, une telle introduction peut s’avérer fort utile, entre autres pour des enseignantes et enseignants qui chercheraient une façon simple et efficace de donner à leurs étudiantes et étudiants un bon aperçu de la production patrimoniale québécoise du XIXe siècle.