À l’ère de Wikipédia et d’Internet tous azimuts, il faut revaloriser les vraies encyclopédies que l’on peut compulser, les ouvrages de synthèse des connaissances et de vulgarisation. Une espèce en voie de disparition dans nos librairies ? Pas encore.
Paru d’abord en Angleterre sous le titre Explanatorium of Science (DK, une filiale du géant Penguin-Random House), ce livre richement illustré est également disponible chez Gallimard Jeunesse sous un titre légèrement différent et moins racoleur : La grande encyclopédie visuelle des sciences. D’entrée de jeu, la science y est définie comme « l’étude du monde naturel, depuis la structure des minuscules atomes jusqu’au fonctionnement de l’univers tout entier… et tout ce qui se trouve entre ces deux extrêmes ». Les six étapes de la méthode scientifique sont ensuite exposées et décrites : l’observation des phénomènes, le questionnement initial, l’hypothèse de recherche, l’expérience suivant un protocole préétabli, l’analyse des résultats et, ultimement, la confirmation des hypothèses de départ. Au lieu d’être présentées alphabétiquement, les notices sont ordonnancées thématiquement, abordant successivement la matière et les atomes, la chimie et l’énergie, les matériaux et le recyclage, la chaleur et l’optique, les forces comme celle de la gravité, mais aussi la vie et l’ADN, la Terre et l’effet de serre. Chaque notice nous initie à une sous-discipline ou à un domaine de recherches, avec une abondance de définitions, d’exemples et d’illustrations. On apprend beaucoup et on révise des démonstrations fondamentales. Ainsi, l’étude de la chromatographie nous permet de comprendre qu’une tache d’encre noire sur du papier contient en réalité des pigments de différentes couleurs qui peuvent se révéler au moment de se dissoudre dans un verre d’eau.
Du point de vue pédagogique, cette Incroyable encyclopédie visuelle de la science est d’une indéniable clarté et conviendra même à de jeunes lecteurs du début du secondaire. C’est sa grande force. La traduction de Bruno Porlier donne un texte vivant et d’une grande intelligibilité. Toutefois, le contenu se limite uniquement aux aspects factuels et évite de se prononcer sur les controverses scientifiques ou sur les dimensions sociales de la science. Par exemple, dans le chapitre consacré à l’énergie nucléaire, on ne mentionne nulle part les dangers – pourtant bien réels – de la filière atomique et les problèmes de gestion des déchets radioactifs qui empoisonneront l’existence des générations futures pendant les siècles à venir. Cette volonté de présenter une science neutre, voire idéalisée, est le point faible de cette encyclopédie substantielle, indéniablement instructive et habilement expliquée, mais manquant de recul critique sur un aspect qui pourtant reste excessivement lourd de conséquences.