Denis Thériault succède à Nicole Houde (2013), Michaël Delisle (2014) et Denise Desautels (2015) en tant que quatrième lauréat du prix Hervé-Foulon du livre oublié. Ce prix, créé à l’initiative du président du groupe HMH (d’où son nom), espère donner une seconde vie à une œuvre déjà publiée mais dont on n’aurait pas suffisamment entendu parler. Cela peut sembler paradoxal puisque le premier roman qu’a fait paraître Denis Thériault (XYZ, 2001), avait tout de même impressionné les critiques (Hélène Rioux, dans Lettres québécoises, jugeait le livre « merveilleux » alors que Pascale Navarro, dans Voir, parlait à son propos d’une « onde de choc »). L’iguane récolta aussi diverses récompenses (le prix Jean-Hamelin en 2001 et, l’année suivante, les prix Anne-Hébert et Odyssée) et fut traduit et vendu dans divers pays, notamment en Allemagne où, selon La Presse, le roman séduisit quelque 50 000 lecteurs. Les auditeurs de la Première Chaîne se souviendront en outre que L’iguane avait remporté le « Combat des livres » en 2007. Bref, il paraît exagéré de parler ici d’un « livre oublié ».
Et pourtant, dès les premières pages du récit, une magie particulière se met à opérer. Le lecteur se retrouve aussitôt en présence de ce qui fait trop souvent défaut aux écrivains, même les plus talentueux : un ton. Ce ton se déploie à travers une imagination puissante et un style inventif (Laurent Laplante avait d’ailleurs signalé, dans nos pages, les « trouvailles linguistiques » de Thériault, qui « doivent tout au climat côtier et rien au joual »). La prémisse du récit est crue : par un soir de blizzard, un accident de motoneige a décapité le père du narrateur et plongé sa mère dans un coma prolongé. Ce drame facilite le rapprochement du narrateur avec un autre orphelin, Luc Bezeau, un garçon fantasque abandonné par sa mère à la naissance, délaissé par un père taciturne et colérique, mais soutenu par un prêtre boulimique, le père Loiselle. Luc possède, au fond d’une grotte, un iguane empaillé auquel il prête des pouvoirs occultes. Il compte bien s’en servir pour ramener à la vie la mère de son ami. Quête de la mère, récit initiatique et poétique, roman du deuil, conte tragique et onirique – L’iguane est tout cela, en même temps qu’un magnifique ovni littéraire québécois.
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