À première vue, la lecture du titre de cette lettre ouverte pourrait laisser croire que l’auteur appelle à une plus grande ferveur dans la pratique religieuse, mais en fait, il demande plutôt aux catholiques de remettre en cause les enseignements actuels du clergé, et particulièrement ceux du pape Jean-Paul II. Pour Jean-Paul Lefebvre, l’Église s’éloigne de l’esprit de renouveau pastoral et de décentralisation contenu dans les conclusions du concile Vatican II. L’auteur, qui a participé à la fondation du réseau « Culture et foi », prône une « évolution » des structures de l’Église de demain, qui devrait selon lui s’adapter aux différentes cultures et accepter des changements qu’elle a toujours refusés depuis 2000 ans, comme par exemple l’ordination des femmes et le mariage des prêtres.
Jean-Paul Lefebvre réussit à étayer son propos ‘ dissident ‘ et à trouver quelques citations (de l’évêque français Jacques Gaillot, du Cardinal Walter Kasper, et plusieurs autres) qui inspirent ses opinions pour le moins péremptoires. On ne saurait lui reprocher de décrire adéquatement les dogmes qu’il conteste, car le propre de l’essai est précisément de valider son point de vue tout en disqualifiant celui de son interlocuteur, sans avoir à en expliquer la logique. Il en résulte un essai pour initiés, ou du moins pour les familiers des débats ayant cours depuis les années 1960 au sein de l’Église partagée entre la tradition qu’elle incarne depuis deux millénaires et le besoin de renouveau que revendique chaque génération. Décidément, le catholicisme est la religion qui s’accommode le mieux de la contestation et des critiques venant de ses propres fidèles. Et sans le vouloir, le livre de Jean-Paul Lefebvre donne des munitions à ceux qui promeuvent la disparition progressive de l’enseignement religieux dans les écoles primaires.