Ébranlée par la lecture de Cette aveuglante absence de lumière de Tahar Ben Jelloun, l’auteure décide de lui écrire pour lui rendre hommage. Telle est du moins la prémisse : le lecteur se rend rapidement compte que la lettre et son écriture sont plutôt le point de départ d’une réflexion personnelle et poétique sur la quête de vérité.
En effet, Lettre à Tahar Ben Jelloun ne semble pas attendre de réponse, et la lettre s’avère moins importante que le processus créatif qui mène à son avènement. Les nombreuses références intertextuelles, de Gabrielle Roy à Gibran Khalil Gibran, révèlent les racines et l’imaginaire uniques de l’auteure. Les nombreux questionnements existentiels qui parsèment le récit, et ce, dès l’incipit, sont hautement personnels. Et les réponses à ceux-ci, trouvées dans l’acte d’écriture, sont également de nature individuelle. Messadié partage donc sa propre quête de sens, riche et singulière.
Le récit de Messadié, au style poétique, s’inscrit en contrepoint du roman de Ben Jelloun. Dans Cette aveuglante absence de lumière, un prisonnier raconte son enfermement au bagne marocain de Tazmamart. Dans la Lettre, l’auteure raconte avoir ressenti, sous le choc de cette œuvre, le besoin de s’évader. Là où le prisonnier vit dans l’obscurité, Messadié inonde son récit de lumière. Ces contrastes sont mis en valeur par une écriture riche en antithèses et en oxymores. Les deux œuvres se rejoignent enfin dans la célébration de la poésie et de l’écriture comme moyens d’appréhender le réel et ses maux.