Les révolutions (je dirais plutôt « révoltes ») qui ont récemment secoué le monde arabo-musulman ont donné lieu à une quantité impressionnante de publications. Parmi elles, le petit ouvrage de Tahar Ben Jelloun se démarque en ce qu’il remet d’abord en question le lieu commun du silence des intellectuels arabes, alors qu’ils prirent, au cours des dernières décennies, de vrais risques. Sans être originale, la contribution de l’écrivain marocain permet au néophyte d’identifier les ressemblances et les différences entre les régimes et les personnalités dont la chute a littéralement pris par surprise tout autant les dictateurs eux-mêmes que les analystes occidentaux. Si Ben Ali, Moubarak, Saleh ou Kadhafi se rejoignent par leur narcissisme et leur paranoïa, les modalités de leur auto-déification prennent cependant des couleurs distinctes qui s’expliquent par des tissus historiques, sociodémographiques, religieux et économiques très singuliers, dont les mailles sont travaillées par les . . .
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