L’œuvre de Madeleine Ouellette-Michalska compte parmi les plus sensibles et les plus envoûtantes de la littérature québécoise. À preuve L’été de l’île de Grâce, roman publié en 1993 chez Québec Amérique, était réédité chez Typo moins d’une décennie plus tard.
Ce texte lumineux, à la fois dense et prenant, raconte une saison particulière de la vie du docteur James Milroy : l’été 1847. Nommé directeur médical de la station de quarantaine de la Grosse-Île, le médecin se voit isolé de son épouse et de ses deux fils durant plusieurs mois. Son mandat n’est pas banal : Milroy doit préserver la population de l’épidémie de typhus qui la menace. Des centaines de milliers d’immigrants se dirigent effectivement vers l’Amérique. Fuyant la famine qui sévit en Irlande, les réfugiés entrevoient le Nouveau Monde comme un lieu paradisiaque, synonyme de liberté et de richesse.
Or les navires surabondent, et les ressources de la station de quarantaine s’avèrent insuffisantes. Les victimes s’accumulent ; certains jours, les vents portent des miasmes putrides, les fossoyeurs ne fournissant pas à la tâche Sur l’île, la désolation règne, mais les alliances sont précieuses, et l’amour humain, inestimable. Ainsi, malgré la lourdeur de son devoir et les difficultés qui ne cessent de surgir, le médecin, porté par la passion de sa chère Agnès, met tout en œuvre pour mener à bien sa mission.
Aussi touchant que captivant, le roman de Madeleine Ouellette-Michalska s’avère également instructif. Fable remarquable sur un grave épisode de l’immigration irlandaise, L’été de l’île de Grâce est une œuvre marquante, dans laquelle se déploient la finesse et la puissance de la plume de son auteure.