Dans L’esprit de la meute, David, un jeune homme nouvellement orphelin, apprend qu’il a été adopté après sa naissance dans des circonstances particulières. Il se retrouve donc à Sainte-Sybile, le minuscule village minier où habite sa mère biologique. Il rencontre Irène, sa jolie voisine, qui l’initie à l’histoire pour le moins mystérieuse de la petite communauté. Et voilà que des rumeurs au sujet de plusieurs disparitions et des découvertes macabres s’enchaînent. Est-ce que le village serait maudit ? Que s’est-il vraiment passé un siècle plus tôt ? David l’apprend malgré lui par des visions troublantes, des cauchemars qui s’agrippent à la réalité jusqu’à ce qu’il ne sache plus distinguer le réel du rêve.
Voici un roman fantastique tellement bien tissé qu’on ne peut que le lire d’un coup ! Lévesque avait déjà pris sa place en 2009 avec Matshi, l’esprit du lac, prix Cécile-Gagnon, mais avec L’esprit de la meute, il grave son nom dans la littérature adulte québécoise. L’auteur s’est lancé dans une histoire complexe dans laquelle le passé rejoint le présent et où l’irréel s’agglutine à une réalité déstabilisante : tout un défi de narration ! Mais la main habile de Lévesque sait guider le lecteur. Le roman, d’une cohérence surprenante, se distingue aussi par des personnages si crédibles qu’ils semblent exister. Les dialogues en joual participent à leur vraisemblance, tandis que le reste du récit s’anime dans un registre tout autre. Les impressions qui se dégagent des personnages autant que de l’action restent empreintes d’une sensualité et d’une confusion absorbante.
L’esprit de la meute demande de se laisser conduire au-delà des retournements sans se poser de questions, vers une fin pour le moins déconcertante qui vaut le détour. Par ailleurs, ce roman pourrait facilement devenir un scénario puisque l’écriture est très près de l’image, faisant du lecteur un témoin.