L’effet que provoque le livre ressemble au vertige que l’on peut ressentir en regardant les étoiles. Ce grand vulgarisateur qu’est Trinh Xuan Thuan nous invite à percer avec lui les mystères de la lumière depuis le commencement des temps. Il faut être prêt à fournir quelques efforts, mais ceux-ci sont vite récompensés. L’auteur, astrophysicien de métier, sait comment plaire au néophyte exigeant : il nous renseigne sur le comment et le pourquoi – comment la lumière primordiale par exemple a été détectée par nos instruments, et ce qu’elle nous dit du big bang – sans nous ménager les notions les plus pointues, avec une simplicité de sage.
Le premier chapitre de l’ouvrage s’arrête sur la conception de la vision dans l’Antiquité. Vers 450 av. J.-C., Empédocle, par exemple, croyait que les yeux contenaient du feu, qu’ils envoyaient leurs rayons visuels vers le monde qui existait par eux. Il faudra attendre l’Arabe Alhazen vers l’an 1000 de notre ère pour que la théorie du feu intérieur s’éteigne définitivement et que soient développés les premiers principes de la lumière admis aujourd’hui. Dans les chapitres suivants, l’auteur présente les figures importantes, et nombreuses, de cette quête de connaissance, qui a beaucoup à voir avec la question métaphysique de notre présence sur Terre. Nous savons maintenant que la lumière est à la fois onde et particule, concept que ne pouvait pas admettre Einstein, qui ne croyait pas non plus à l’existence des trous noirs dont, dit-on, il avait peur.
Le vertige envahira le lecteur quand il assistera à une sorte de simulation de la mort de la lumière. En prenant de l’expansion, l’univers perd inévitablement en densité. Il y aura un jour, vers l’an 1040, où l’univers ne sera plus assez chaud pour produire de la lumière. Mais d’ici là, rassurons-nous, il se peut bien que d’autres théories viennent invalider celle-ci, comme nous le prouve l’histoire des sciences.