Peut-être faudrait-il parler d’un journal personnel qui prend la forme d’une suite de poèmes centrés autour de son amant. La poète écrit à fleur de peau, pensant à son amant « comme si je pouvais te porter / un ruban de mots pour attacher / mes cheveux / aux vents de Memramcook ».
Elle note ce qu’elle ressent au fil du temps, saisissant le mouvement de ses pensées. Les lieux lui servent d’appui et donnent leurs titres aux cinq parties du recueil. Plus que toute autre, la vallée de Memramcook parce que « tes jardins, tes promenades / en forêt revêtues d’un tapis de mousse / m’ont ramenée à la vie / m’ont enseigné la beauté de la solitude et / de la distance ».
Solitude nécessaire, mais temporaire : elle vivait avec lui à Memramcook, il est parti, elle reste seule un certain temps, passe par Montréal où elle demeure quelques semaines, le rejoint à Paris, retourne à Memramcook où il la rejoint à son tour. Elle conclut son recueil par ces vers : « si t’étais jamais parti / j’aurais peut-être jamais su / à quel point je voulais que tu sois ici ».
On a l’impression que la poète s’est laissé emporter par ses émotions et qu’elle a choisi de leur laisser libre cours. On sent la nécessité qu’elle a de mettre en mots ce qu’elle vit comme si elle avait crainte de trop en perdre. Mais ce choix dilue parfois l’essentiel du propos. Demeurent sa franchise et une certaine candeur dans la façon dont elle rapporte leurs ébats : « les langues qui se rencontrent / vont aussi dans des directions opposées / les nôtres tournent en rond / pour ne pas se perdre ».
Il est vrai qu’il est parfois nécessaire d’être tout simplement en position d’accueillir : « J’apprends la douceur d’habiter / mon espace intérieur / sans m’y enfermer ». Et ses poèmes semblent répondre à son besoin.