La langue de Yasmina Khadra demeure toujours aussi capiteuse, ses images toujours prenantes ; ce récit propage une ambivalence, qui traversait les romans précédents, mais à laquelle ils tentaient d'échapper. Non que le jeune héros soit hésitant. Quand l'envahisseur a imposé à la vue du fils la révoltante et humiliante nudité du père mourant, une plaie s'est ouverte que seule la vengeance pourra cautériser. Un Occidental aura pourtant quelque peine à mesurer la profondeur de la blessure et à y voir de quoi faire basculer dans le terrorisme. Pourtant, le jeune Bédouin quitte son village et gagne la grande ville où il sera plus facile de s'attaquer à la Bête. Pendant longtemps, la vigueur de la résolution semble granitique. Semble seulement.
Khadra n'appartient pas à la race des épidermiques qui allongent les phrases sans les remplir pleinement. Il occupe si puissamment chaque mot qu'il faut, plutôt que de le croire distrait, entendre sa voix comme celle d'un homme . . .
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