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LES REBELLES D’ALLAH

ILS ONT DÉFIÉ L’ORDRE ISLAMISTE
183 pages
29,95 $
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Quand on a vécu dans le monde arabe et musulman (j’y ai vécu six ans de ma vie), on s’étonne un peu de la pesanteur des traditions ancestrales, de la lenteur des changements politiques et culturels. Le jeûne du ramadan y est encore pratiqué comme autrefois, la pression sociale est encore forte à propos de la virginité des femmes avant le mariage bref, malgré les évolutions significatives dans d’autres sociétés, le monde arabe et musulman semble figé, comme si l’aiguille du temps s’était cassée et n’y bougeait plus.

Dans un tel contexte, ceux qui pensent autrement sont souvent silencieux, sinon expatriés là où ils peuvent enfin exprimer une certaine dissidence. Mais, surtout, ils sont peu nombreux, et isolés. Martine Gozlan nous présente sept de ces esprits « rebelles », attachés à la liberté d’expression et qui paient de leur sécurité, de leur confort pour « résister » à l’étouffant traditionalisme ambiant. « Ce livre est destiné à rappeler quelques vérités simples. Dans le monde islamique, les lois religieuses font obstacle aux libertés personnelles. Les droits individuels y sont constamment bafoués […]. Les tragédies recensées ici racontent l’éternelle histoire humaine : un jour, quelque part, quelqu’un se lève et dit non. »

Ces « non » exprimés courageusement, l’auteure les classe en sept catégories correspondant à l’histoire d’un personnage : rébellion des femmes (Amina Sboui, Tunisie) ; de l’art (Fazil Say, Turquie) ; du savoir (Habib Kazdaghli, Tunisie) ; des athées (Waleed Al-Husseini, Palestine) ; de l’enfance (Malala Yousafzai, Pakistan) ; de la loi (Nasrin Sotoudeh, Iran) ; et des mots (Hamza Kashgari, Arabie saoudite). Tous ces « rebelles » livrent un même combat : devant le fondamentalisme croissant, ils font valoir leur propre vision, une recherche personnelle fondée sur la raison, qui tranche avec le consensus ambiant. Un consensus souvent forcé par un régime répressif et une religiosité exacerbée, où la pensée libre est réprimée, car menaçante pour l’ordre traditionnel dominé par des élites dont le seul but est le maintien au pouvoir.

Au lieu de céder à ceux qui les implorent de rentrer dans le rang, ils assument et affirment, avec courage, leur parole, malgré les sursauts de haine à leur endroit. Martine Gozlan met en lumière le combat de ces « âmes libres », qu’elle considère comme les piliers de la pensée laïque en terre d’islam. Elle fait là œuvre très utile, car ces combattants ont manifestement besoin de reconnaissance afin de poursuivre leur lutte pour une cause juste et éternelle : les droits humains.

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