Inscrit par le magazine populaire Lire au palmarès des meilleurs livres parus en 2004, Les Plantagenêts de Jean Favier est une œuvre admirable d’érudition. Mais, pour tout dire, il faut un solide appétit pour le Moyen Âge pour passer au travers de cette étude de près de 1000 pages tant l’avalanche de données dont l’auteur nourrit son propos donne le tournis.
Un mot sur ce que furent les Plantagenêts. Issue de la famille des comtes d’Anjou, la dynastie des Plantagenêts se crée par suite de mariages successifs, lui permettant de régner pendant trois siècles sur l’Aquitaine, la Normandie et enfin l’Angleterre. Puissance redoutable, ils se heurtent aux Capétiens qui règnent alors en France.
Le conflit qui oppose les deux monarchies culminera avec la guerre de Cent Ans (perdue par les Plantagenêts). L’histoire des grands représentants de cette dynastie – Guillaume le Conquérant, Henri II, Richard Cœur de Lion, Jean Sans Terre – se mêle également à celles d’une poignée de hautes figures du Moyen Âge dont Aliénor d’Aquitaine, Samuel Beckett, Guillaume le Maréchal ou Simon de Monfort.
Dans cette visite guidée que nous propose Jean Favier, on apprend une foule de choses sur le statut des chevaliers, les réseaux de communication, l’enseignement, les prérogatives féodales, les guerres successorales, la valse des allégeances, etc. Le grand médiéviste fait également le démontage bloc par bloc et un examen détaillé des assises qui composent la société de l’époque : occupation du territoire, équilibre politique, rôle de la noblesse, rôle du clergé, rayonnement culturel, etc.
Favier a choisi de nous raconter le Moyen Âge « officiel », celui des batailles, des dynasties, des institutions et du pouvoir. Ici pas de restitution de l’univers mental, de l’imaginaire ou des sentiments des individus de l’époque. Que des gisants beaux et froids !