Pour la plupart, les nouvelles publiées sous le titre de l’une d’elles sont touchantes, et deux ou trois en particulier m’ont carrément ému (« Elizanne ou la balade oubliée », « Le rire des dieux »). John Updike avait du talent, il avait aussi du métier, des dons d’invention et d’observation dont il a usé dans ces textes qui parlent du temps passé et de celui qui passe, ou qui le mettent en scène – habilement bien qu’avec simplicité, non sans un humour tendre, quand il oppose, par exemple, le vieillard éclairé à l’enfant ou au jeune homme qu’il cherche à retrouver. Le narrateur ou le héros sont dans la grande majorité des cas retraités, des hommes âgés, ayant déjà franchi le seuil de la vieillesse, scolarisés, souvent grands-parents, ayant souvent traversé plus ou moins heureusement plusieurs mariages, des hommes derrière lesquels se tient, se cache à peine Updike. Cela donne au recueil une manière d’unité.
Critique intelligent de la société américaine, bien sûr, qu’il examine sur place ou au cours de voyages au Maroc ou en Espagne ; ironisant sur les rapports conjugaux et la sexualité, sans quoi il ne serait pas John Updike ; envisageant l’approche certaine de la mort, la sienne et celle d’une époque révolue dont les personnages cherchent des traces, des signes, l’auteur se montre juste ce qu’il faut désabusé et juste assez serein, parfois suffisamment choqué de ce qu’on dit être l’injustice de la vie pour nous balancer une pareille question : « […] que signifie ce scandale : avoir été enfants et être devenus vieux, tout près de la mort ? »
« Nous avons t-tout le t-temps », bégaie le timide et tendre David à la belle Elizanne.
Updike nous rappelle que non.