La journaliste Pascale Navarro signe un troisième essai où elle s’emploie, comme dans les précédents, à vérifier certaines idées reçues quant à la présence des femmes dans l’espace public. Dans Les femmes en politique changent-elles le monde ? l’essayiste interroge l’opinion répandue selon laquelle le visage de la politique serait autre si les femmes étaient au pouvoir.
Son postulat est « que le pouvoir féminin n’existe pas en tant que tel, mais qu’un grand nombre de femmes en politique peuvent changer les lois, règlements et milieux de vie parce qu’elles transmettent dans l’exercice de leur pouvoir les valeurs sociales du groupe auquel elles appartiennent ». Des entrevues avec une vingtaine de politiciennes d’ici, dont les Lise Bacon, Françoise David, Louise Harel, Monique Jérôme-Forget, Pauline Marois, et une observation attentive de la participation à la chose publique de politiciennes d’ailleurs, telles Angela Merkel, Michelle Bachelet, Ségolène Royal, Hillary Rhodam Clinton et d’autres encore, lui fournissent matière à étayer et à nuancer son hypothèse.
De ces différentes sources d’information certains avis unanimes ressortent, qui ne surprendront personne : les femmes invitées à faire de la politique manquent de confiance en leurs capacités, ont peur du conflit, du jugement des autres, voient l’exercice de l’autorité comme nuisible à l’image de féminité. Plusieurs politiciennes en exercice souhaiteraient un assainissement de la vie politique où elles disent observer encore trop souvent un manque de transparence et d’éthique, des conflits d’intérêts, de la manipulation sous couvert de stratégie et un mode de financement souvent trouble des partis. Elles disent apprécier le pouvoir comme un outil et non comme une fin en soi. En revanche, toutes sont d’avis que malgré les horaires impossibles, les accrocs à la vie privée et surtout le nécessaire haut niveau de confiance en soi que cette carrière exige, les femmes doivent occuper l’arène politique. Car, comme l’histoire l’enseigne, les gains obtenus par les femmes l’ont été à la suite de dures luttes de la part de pionnières qui, ce faisant, ont fait avancer la démocratie dont la représentation égale des femmes et des hommes est un symbole généralement admis.