Habitée par la culpabilité, la honte et le mépris d’elle-même, la Française Flore, 27 ans, a fui pays, mari, amis et tutti quanti.
Un vol direct pour le bout du monde, la Nouvelle-Zélande, où elle a déniché un emploi au sud de l’île du Sud, dans un camping des Catlins qui donne sur la baie Curio. Une mère, la ronchonneuse Autumn, et Milly, sa fille, accueillent cette Parisienne fragile en se demandant comment elle pourra s’acquitter des tâches ingrates d’entretien du camping, loin des facilités et des divertissements de la ville.
Le roman raconte comment se transforment petit à petit les trois femmes au contact l’une de l’autre, au cœur d’une nature sauvage dont chaque saison offre matière à émerveillement. Pour qui aime la faune et la flore exotiques, c’est sans doute ce que le livre montre de plus attachant, avec un condensé de l’histoire de la Nouvelle-Zélande, les mythes et légendes maoris qui fascinent Flore, et le souci constant de Milly, surnommée la fille de la mer, pour la protection de l’environnement et des espèces. Dauphins Hector classés en voie d’extinction, manchots aux yeux jaunes – appelés hoibos par les Maori, signifiant faiseurs de bruit –, otaries à fourrure qui se déplacent jusqu’entre les tables à pique-nique, phoques, baleines franches australes, autant d’espèces marines que Milly fait découvrir à une Flore fascinée.
Quant à l’intrigue principale autour des trois femmes, elle traîne en longueur. On étire la sauce. Par exemple, nous n’apprendrons que vers les deux tiers du roman les motifs de la culpabilité et de la honte qui rongent Flore depuis le début. Aussi, prévisible tôt dans le récit, la relation entre les deux jeunes femmes, Flore et Milly – laquelle s’est sentie trahie par Kai, le fils de l’unique voisin et ami d’enfance, puis amant, qui décide d’épouser une Maori pour rester dans la tradition – s’intensifie. Non pas rejet des hommes par dépit, quoique le proverbe maori que lui avait un jour appris Kai lui revienne à l’esprit : « Il n’est pas bon de s’appuyer sur un homme, car c’est un soutien instable ». Les deux femmes forment un couple d’amoureuses passionnées et attentionnées tout en étant discrètes. De quoi créer une belle histoire, mais voilà qu’elle est baignée dans un océan de bons sentiments, et qu’elle devient doucereuse. La situation finale, que résume l’image « laisser l’alouette s’envoler… C’est ainsi qu’on aime le mieux », sauve un peu la donne par son réalisme, ou l’idéalisme contenu d’un Amour avec un grand A. Au lecteur de juger.
N’empêche, les romans de Mélissa Da Costa sont achetés à des milliers d’exemplaires. Wikipédia nous apprend qu’elle figure dans le classement 2023 du Figaro comme l’autrice ayant vendu le plus de livres en 2022, derrière Guillaume Musso et Joël Dicker.