On lit et on écoute avec intérêt les grands esprits nous faire part de leurs idées et de leurs découvertes du monde. Il est parfois encore plus intéressant de les entendre nous dévoiler leur jeunesse et le parcours personnel qui ont concouru à leur admirable cheminement.
Le spécialiste du monde arabe et de l’islam Issa J. Boullata, professeur à la retraite de l’Université McGill (que j’ai eu la chance de connaître dans un séminaire de maîtrise lors de mes études universitaires), nous offre ce privilège.
Souhaitant que ses enfants et petits-enfants connaissent la Jérusalem historique, cette ville de lumière qui a façonné ses premiers souvenirs de vie, il raconte dans cet ouvrage son enfance et le début de sa vie adulte. Il y décrit une Jérusalem qui porte bien son nom (la « ville de la paix »), c’est-à-dire où tous entretiennent un esprit ouvert à l’égard des autres religions.
Le jeune Issa, l’aîné de six enfants, a la chance de venir d’une famille unie, qui mise sur une éducation de qualité. Fréquentant des collèges chrétiens, Issa, bon élève, lecteur féroce, reçoit l’enseignement de professeurs qui lui inculquent le goût du savoir, dont l’amour des langues, cet instrument « subtil et puissant », signale-t-il. Il entre ainsi dans l’âge adulte en maîtrisant parfaitement l’arabe, l’anglais et le français.
Cet héritage l’aidera lors de son exil forcé de Jérusalem, le tumulte entourant le conflit israélo-palestinien entraînant le départ d’un million de Palestiniens.
Issa J. Boullata atterrit en effet avec sa jeune famille à Hartford pour y enseigner, puis s’installe ensuite à Montréal en vue d’un poste à l’Université McGill : grâce à son multilinguisme et à sa connaissance approfondie du monde arabe qu’il perfectionne au gré de sa curiosité sans limite, il y fera une carrière enviable.
Devant la tragédie palestinienne des années 1950 et 1960, déplore Boullata, les dirigeants palestiniens auront fait preuve de désorganisation et d’incompétence : il gardera envers eux, et envers tous les dirigeants politiques, une méfiance qui ne se dissipera jamais.
Maintenant retraité, à l’automne de sa vie, le professeur Boullata écrit ce livre pour qu’on se souvienne, dans l’espoir qu’un jour justice soit faite à son peuple déraciné.
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