Dans le village de Butangen, en Norvège, deux cloches jumelles sonnent depuis des siècles. Jadis forgées en l’honneur de deux sœurs siamoises, les cloches se situent au cœur du folklore de Butangen : on leur confère des propriétés mystérieuses, notamment la capacité de protéger le village des catastrophes naturelles.
Lorsque le sort des cloches se trouve menacé par l’arrivée d’un prêtre déterminé à moderniser Butangen, la descendante des siamoises, Astrid Hekne, saisit l’occasion de s’affirmer en tant que protectrice des cloches…
Les cloches jumelles est un roman paradoxal. Véritable représentation de la dichotomie entre tradition et modernité (relative, pour l’époque), le récit est parfois dépaysant, par sa représentation d’une culture qui nous est inconnue, mais aussi, et souvent, familier. En effet, les habitants de Butangen – isolés du reste du monde, confortés dans leurs traditions et ignorant les avancées technologiques, médicales et culturelles d’ailleurs (on précise que le village compte un retard de plus de 50 ans !) – rappellent plus d’une fois les villageois de nos romans québécois d’antan, pour le meilleur et pour le pire. La Norvège décrite par Mytting nous est elle aussi familière, naturellement isolée par son climat glacial et hostile, ses fjords et ses forêts qui rappellent celles de chez nous. Ainsi, il ne fait aucun doute que le roman sera particulièrement attrayant pour les amateurs de récits historiques québécois.
Avec sa narration digne d’un conte et sa touche supernaturelle, Les cloches jumelles constitue une introduction intéressante au folklore norvégien. Malheureusement, le roman semble souffrir de son passage à la langue de Molière, et on sent rapidement que quelque chose se perd dans la traduction. Les dialogues, sans être froids, sont quelque peu stériles ; et une brève recherche sur le Web nous permet de confirmer que Mytting avait bel et bien choisi d’utiliser le joual dans la version originale du roman. Il est clair que Les cloches jumelles aurait gagné à conserver une richesse linguistique dont l’absence porte particulièrement préjudice au personnage d’Astrid, qui semble simplement avoir un vocabulaire plus limité que ses deux prétendants, Kai et Gerhard. Soyons tout de même rassurés : Les cloches jumelles reste un roman de grande qualité, premier d’une trilogie dont nous avons bien hâte de connaître la suite.