« Bon gré, mal gré, il faut vivre ici… » Cette citation extraite de La mouette de Tchekhov ouvre le deuxième roman d’Éléonore Létourneau, et donne parfaitement le ton du livre. « Ici », c’est Montréal, et en particulier le Mile End, où, depuis douze ans, Louis et Hélène vivent ensemble. À l’aube de la quarantaine, Louis se prépare, pour la première fois de sa vie, à aller « à reculons » à l’UQAM donner son cours. Mais Hélène, qui passe ses journées dans son atelier pour préparer une exposition, ne se rend pas compte des doutes qui assaillent son conjoint. Tous les deux sont amis avec un autre couple, Mathieu, un journaliste connu, et Virginie, qui a cessé de travailler pour s’occuper de leurs deux enfants. C’est la vie de ces quatre personnes que l’auteure suit pendant un an. Celle-ci comporte inévitablement des périodes difficiles – mésententes, rupture, deuil – qui sont racontées avec réalisme, sans jamais forcer la note pathétique. Tous les personnages sont attachants, y compris ceux qui ont un rôle secondaire, comme la mère de Louis.
Les choses immuables se rattache au genre du roman psychologique avec l’analyse de la crise de la quarantaine qui touche les quatre amis, que chacun vit de façon différente. L’ouvrage est aussi parfaitement ancré dans l’actualité. L’auteure connaît bien le milieu universitaire et elle partage, à n’en pas douter, les jugements de Louis sur l’éducation. Familière également avec le monde de l’art contemporain, elle décrit les œuvres en techniques mixtes comme pourrait le faire un critique d’art.
Les « choses immuables » dans ce monde où l’obsolescence est programmée, ce sont les liens amicaux qui unissent les êtres humains. Ce roman se lit avec grand plaisir comme un éloge de la véritable amitié, si différente de celle qui s’affiche dans les médias sociaux.
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