L’auteur, né à Amsterdam en 1922, est décédé en 2020 à Montréal où il a passé la plus grande partie de sa vie. La publication posthume de cet opuscule bilingue de quatorze brefs récits en français et en allemand couronne la vie de cet homme de culture, qui a exercé pendant des années les fonctions de directeur adjoint du Musée des beaux-arts de Montréal et de directeur de la Collection Lavalin. Celui qui avait entamé sa formation de peintre au Mexique au milieu du siècle dernier n’a jamais cessé de peindre. Au soir de sa vie, il ajoute l’écriture de fiction à son expression artistique avec ces petites fables écrites entre 2012 et 2019.Fables, car si les personnages anonymes, les espaces européens imprécis et les temps indéterminés peuvent faire penser au conte, l’orientation du récit, avec sa morale implicite, suggère davantage la fable. Les chemins de la vie illustre des vérités ancestrales sur un ton léger et avec une pointe d’ironie. Ironique par exemple, « La devise française », où, évoquant la France ébranlée par les revendications territoriales des pays voisins au sortir des deux grandes guerres, on propose une nouvelle devise plus en accord avec l’actualité de l’époque, mais encore valable aujourd’hui avec les mouvements de population : Ethnicité, Diversité, Rivalité. Ironie aussi dans « Le chant de l’ordre » qui ridiculise une Suisse alémanique dont les lois et des décrets dictent jusqu’à l’absurde le comportement des citoyens et citoyennes. Ailleurs, c’est un trait de caractère qui est caricaturé, comme celui du « Voyageur oublieux » qui paiera cher l’insouciance dont il fait preuve en marchant dans une ville étrangère sans papiers ni repères spatiaux. Quant à l’avocat ambitieux du « Livre avorté », il se verra débouté par les tribunaux malgré ses manœuvres pour enrayer le processus judiciaire. En contrepartie, « Du chaud au froid » rappelle le dicton que les adultes répètent aux enfants : « C’est toujours le plus intelligent qui cède », alors qu’un conflit éclate entre des citoyens d’une ville d’Europe centrale après sa séparation de l’Empire. La résolution de problème s’avère plus difficile dans « Le journaliste ». Y apparaissent des thèmes liés à l’histoire, au couple mixte et à la passion amoureuse. Si l’amour est aveugle au début d’une relation, peut-il le demeurer quand chacun, parce que de culture différente, prône sa propre vision de l’histoire ? L’histoire peut-elle être neutre ? L’objectivité est-elle compatible avec le patriotisme ? Et l’amour est-il toujours le plus fort ?En vieux sage, l’homme qui a traversé les deux grandes guerres du XXe siècle retient les lois générales du bien-vivre et les illustre avec élégance, sourire en coin.
LES CHEMINS DE LA VIE
- Leméac,
- 2020,
- Montréal
128 pages
15,95 $
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