Le recueil de poésie que nous offre Sylvie Filion se présente en deux volets. Le premier, intitulé Les bonbons des horreurs, apparaît comme l’imagerie d’une enfance vécue dans la triste mais actuelle réalité de la guerre. Il emprunte la forme d’un calendrier scolaire divisé en jour 1, jour 2, etc. L’apprentissage de l’enfant se fait, comme à l’école, en consignant des notes au cahier, en gribouillant dans les marges, en dessinant, en récitant des chants, en sortant jouer dans la cour, etc. Les journées vont leur train, avec un matin, un soir, une nuit ; les saisons passent aussi, avec leurs fêtes, mais tout est dénaturé, porte le sceau du drame, de la peur, de la mort. Les chants déchantent, l’encre est toujours rouge dans l’encrier, la cloche de récréation sonne tristement, les personnages des comptines ne sont pas gentils mais l’enfant, malgré la désespérance, reste le seul espoir. L’intelligence dont il fait preuve dans sa relation avec les autres, l’amour qui sous-tend naturellement ses actes, son désir d’apprendre le beau, le bon, le grand, le vrai, demeurent au fil du temps et sont les gages d’un avenir meilleur.
Le second volet du recueil, Petite chose à genoux, c’est peut-être la représentation poétique d’un état de prière, d’une foi en l’existence de l’âme, en l’avènement d’une paix, quelque part, un jour et pour toujours. C’est peut-être ça