Comment l’être humain a-t-il appris à maîtriser le feu ? Quand l’arc et la flèche ont-ils été inventés ? D’où vient l’art de guérir les maladies ? Pourquoi y a-t-il des moustiques l’été ? Voilà autant de questions auxquelles s’efforce de répondre Tehanetorens dans Légendes iroquoises, court recueil de légendes et de récits mythiques tirés du patrimoine des tribus des Six-Nations. Mais qu’on ne s’y trompe pas : Légendes iroquoises se veut davantage qu’un simple assortiment de récits traditionnels. Les particularités de la culture iroquoise y sont révélées, autant dans les histoires racontées que dans le discours qui les accompagne. À ce titre, un avant-propos préparé par Nadine N. Jennings, docteure en études anglaises, fournit moult renseignements sur la Ligue de la Grande Paix (l’alliance conclue entre les clans iroquois) ainsi que sur les origines, les coutumes et les lois du peuple iroquois.
Les douze récits contenus dans le recueil présentent une facture conforme au genre : le style d’écriture, très épuré, de même que le ton intime de la narration reproduisent les traits caractéristiques de la tradition orale (l’utilisation de formules récurrentes, stratégie chère aux conteurs traditionnels, en témoigne allégrement). Plusieurs poncifs du genre sont au rendez-vous, notamment le recours au surnaturel, l’apologie de la nature et la psychologie sommaire des personnages. Les procédés propres à la légende sont toutefois çà et là abandonnés au profit de ceux, plus fondateurs, du sermo mythicus : par exemple, le temps historique fait place dans certains récits au temps des origines mythiques (« Cela s’est passé il y a longtemps, quand le monde était jeune », précise le narrateur de la légende « Sa-go-ia-na-wa-sai, notre aïeul », et cette formule revient par intervalles dans le livre), ce qui permet d’expliquer les origines ancestrales de plusieurs coutumes ou d’objets singuliers. Bel aperçu de ce que la culture « amérindienne » recèle en fait de trésors, cette réédition en français de légendes publiées auparavant dans les Six Nations Educational Cultural Historical Series intéressera et le lecteur profane et l’anthropologue averti.