Le compte rendu peut devenir un genre noble, comme le démontre Paul-François Sylvestre dans ses Lectures franco-ontariennes. L’auteur est écrivain et éditeur, mais également critique de livres ; son jugement et ses connaissances dépassent donc les impressions du simple lecteur. Cet ouvrage regroupe une cinquantaine de critiques de livres parues entre 2001 et 2005 sous forme de chroniques dans différents journaux de Toronto, Hamilton, London et Windsor. Les textes font environ trois pages et sont tous suivis d’une courte présentation biographique de chaque écrivain étudié.
Les critiques variées que Paul-François Sylvestre a réunies entraînent de nombreuses découvertes : quelques écrivains franco-ontariens chevronnés tels Gaétan Gervais, Michel Gratton et Maurice Henrie, des auteurs francophones nés sur d’autres continents comme le Congolais Aristote Kavungu ; on rencontre aussi les ouvrages de petites maisons d’édition méconnues : les éditions du Vermillon à Ottawa, L’Interligne, le Centre franco-ontarien de ressources pédagogiques. La plupart des livres recensés sont des romans, souvent écrits par des professeurs d’université.
On lira avec profit les quatre annexes de cet ouvrage, et particulièrement l’excellente conférence sur l’histoire littéraire de l’Ontario français, qui met en contexte le fait que cette province était d’abord, durant plusieurs siècles, entièrement française, insistant par ailleurs sur l’importance historique de la Loi 17, qui interdit pratiquement l’usage du français dans les écoles ontariennes, au début du XXe siècle. Plus loin, on appréciera aussi une anthologie thématique d’ouvrages franco-ontariens choisis en fonction de moments historiques, complétée par une chronologie et, enfin, des coordonnées d’éditeurs ontariens.
La place accordée à la poésie et au théâtre reste toutefois minimale, et certains romanciers ontariens importants comme Patrick Imbert ne sont pas recensés ici ; mais ces Lectures franco-ontariennes ne prétendent nullement se substituer à une anthologie. En revanche, le livre servira d’initiation au roman franco-ontarien. Ces textes généreux réussissent à bien évoquer les aspects les plus novateurs chez ces écrivains dont certains figurent parmi les plus originaux au Canada.