Une passionnante saga russe qui déploie, de 1905 à 2011, quatre générations de femmes issues d’une même famille. Cent ans de guerres, de victoires, de défaites, d’amours et de trahisons illuminent cette fiction qui prend sa source dans les archives personnelles de la romancière.
Née dans l’Oural en 1943, Ludmila Oulitskaïa est considérée comme l’une des auteures russes contemporaines les plus importantes. L’œuvre de l’écrivaine n’est pas sans rappeler celle des grands romanciers du XIXe siècle, les Dostoïevski, Tolstoï ou Tourgueniev. Dans L’échelle de Jacob, une cinquantaine de chapitres entremêlent les aléas d’un groupe familial à l’histoire trouble, douloureuse, insolite, et pourtant ô combien fascinante de la fin de la Russie impériale, de l’ex-URSS de Staline ou de Gorbatchev, et de la CEI de Poutine.
Généreuse, l’auteure aide ses lecteurs en incluant dans son livre un arbre généalogique où nichent tous ces Kerns et Ossetski, amants et maîtresses compris. « La famille s’appauvrissait lentement et sûrement. […] La maison restait toujours aussi hospitalière, avec une succession ininterrompue de thés et de soirées musicales […]. En octobre 1905 éclata à Kiev un pogrom qui acheva ce lent processus de dégradation. »
Si le plus jeune des Jacob naît en 2011, le premier de la lignée est né en 1890. Ce Juif intellectuel et passionné de musique est fou amoureux de sa femme, ce que racontent les lettres qu’il lui a envoyées pendant plus de vingt ans, alors qu’il était enfermé dans des camps, en Sibérie ou ailleurs. Elles avaient été conservées par son épouse Maria Kerns-Ossetskaïa et ont été retrouvées à sa mort par sa petite-fille, l’auteure du roman dont elles seront l’inspiration. « Sa grand-mère […] se qualifiait d’‘essayiste’. Elle avait une vie spirituelle. Aussi éloignée de la vie actuelle que la période jurassique. »
Les archives du KGB – aujourd’hui accessibles – auront permis à l’écrivaine de retracer une partie importante de la vie de cet intellectuel qui, avec ses descendants parfois surdoués, parfois dissidents, a été un témoin privilégié de son époque. « Elle téléphona aux archives du KGB. Ces archives se trouvaient sur Kouznetski most, à cinq minutes du cœur noir de la ville, la Loubianka. » Un siècle plus tard, la boucle est ainsi bouclée.
Ludmila Oulitskaïa a reçu de nombreuses récompenses, dont le prix Médicis étranger en 1990 et le prix Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes en 2011. En France, elle a été faite chevalier de l’ordre des Palmes académiques en 2003, chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres en 2004, et officier de la Légion d’honneur en 2014.
L’ÉCHELLE DE JACOB
- Gallimard,
- 2018,
- Paris
619 pages
46,95 $
Trad. du russe par Sophie Benech
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