Précédés de citations éclairantes et suivis d’une brève bibliographie, « pour aller plus loin », les huit chapitres de l’intéressant essai de l’autrice résument quelques moments clés de l’époque en titre. Et ce, avec comme double fil conducteur, le déplacement des Amérindiens vivant à l’est du Mississippi et l’esclavage des Noirs.
L’étude met d’abord en scène le paradoxal et contradictoire Andrew Jackson (1767-1845), septième président des États-Unis, qui fut « aux racines du mouvement de suprémacisme blanc » dans son pays. « [G]rand défenseur de l’élite des planteurs esclavagistes du Sud », il pratiqua une politique d’expansion territoriale et de déportation des nations autochtones dont fait état le deuxième chapitre. Ces déplacements systématiques et forcés touchèrent plus de 80 000 personnes et s’étalèrent parfois sur plus de 3 500 kilomètres. Mieux connues sous l’appellation de Piste des larmes, ces expulsions survinrent en même temps que le militantisme abolitionniste des Noirs.
Au chapitre suivant, on voit l’Africain Joseph Cinqué (1814-1879), de concert avec un captif nommé Grabeau et 51 autres esclaves amenés illégalement en Amérique, arraisonner La Amistad, une petite goélette que la garde côtière américaine intercepta après une dérive de huit semaines. En découla une « longue et fastidieuse bataille juridique des rebelles », au terme de laquelle, après deux procès retentissants, les prisonniers furent libres de rentrer chez eux, dans l’actuelle Sierra Leone. Au quatrième chapitre, Frederick Douglass (circa 1818-1895) est donné comme le Noir le plus connu et le plus photographié au XIXe siècle. Au moment où les tensions entre le Nord et le Sud autour de l’esclavage menaient à la Guerre civile, il devint le « symbole de la libération des esclaves » aux États-Unis. Autre figure noire centrale, Harriet Tubman (circa 1822-1913) est une abolitionniste qui a accompli une douzaine de dangereuses missions de sauvetage par l’Underground Railroad : ni réel train ni souterrain, ce chemin de fer était plutôt un réseau clandestin d’entraide et de fuite d’esclaves mis « en place vers la fin des années 1830 ».
Les trois derniers chapitres s’attachent à la Guerre civile américaine (1861-1865), qui fit 750 000 morts. L’essayiste retrace les origines du conflit, nomme les généraux impliqués, expose leurs relations avec le président Abraham Lincoln (1809-1865), relate les principaux affrontements, tel le célèbre carnage de la bataille de Gettysburg, et rappelle la victoire du Nord. Au septième chapitre, le président Lincoln est présenté comme un homme d’origine modeste, autodidacte devenu avocat, et président le plus apprécié et le plus étudié. Malgré sa haine de l’esclavage, il ne reconnaissait pas l’égalité entre Blancs et Noirs, constate Mylène Desautels. Son habileté politique lors de la houleuse reconstruction du pays (huitième et dernier chapitre), après la Guerre civile, tourna court lorsqu’il fut assassiné par l’acteur fort connu John Wilkes Booth (1838-1865). Sous la présidence d’Andrew Johnson (1808-1875), on vit la controversée redistribution des terres, l’activisme des Noirs, la contre-révolution blanche (p. ex. le Ku Klux Klan), l’assassinat de 1 000 Noirs aux élections de 1868 en Louisiane… « La convergence de l’apathie du Nord et de la résistance obstinée du Sud aura eu raison » de cette « reconstruction ratée », de conclure l’essayiste.
Diversement illustré et accompagné de pertinents encarts, Le XIXe siècle américain est un livre bref dont la crédibilité est assurée par sa publication chez Septentrion, une maison reconnue depuis longtemps pour ses productions sûres et documentées.